On ne parle pas souvent de la sexualité des aînés. C'est d'ailleurs un sujet qui peut être considéré tabou. Pourtant, ce n'est pas parce qu'on passe le cap des 65 ans que l'on cesse d'avoir une vie sexuelle.    

Julie Pelletier, sexologue à la Clinique de sexologie du Vieux-Longueuil, affirme que la sexualité des aînés est méconnue : « Bien sûr, la sexualité se transforme avec l'âge et les désirs ». Il y a d'abord le corps qui change : « La réactivité du corps et la réponse sexuelle se modifient avec l'âge, l'arrivée de la ménopause, les troubles érectiles.  La souplesse et l'énergie peuvent parfois également être altérées. Il faut donc s'adapter, » ajoute Mme Pelletier.  

Le contexte de la sexualité peut également se modifier :  indisponibilité de partenaire (décès, maladie grave, séparation) ou problèmes de santé. Ceci dit, il ne faut pas perdre espoir : « Les activités sexuelles baissent en fréquence mais demeurent possibles! » dit-elle. Julie Pelletier recommande d'oser, de se faire confiance, de déjouer quelques tabous, et de sortir de sa zone de comfort.  

Dans son documentaire L'érotisme et le vieil âge, sorti en février 2017, Fernand Dansereau se penche sur l'érotisme chez les aînés. Il y pose la question : « Est-ce qu'il y a un érotisme possible lorsqu'on arrive à la vieillesse ? » Julie Pelletier croit que oui. « L'érotisme ne connaît pas l'âge, il ne connaît que les barrières de l'imagination.  Il importe de faire évoluer la sexualité au gré de nos émotions, de nos vécus et de nos ressentis, de trouver une cohérence entre ce que l'on ressent et ce que l'on vit, » affirme-elle.  

La sexologue ajoute qu'il ne faut pas chercher à se comparer et que la sexualité est quelque chose de personnel. Il est normal que les années aient laissé des traces sur le corps, mais cela n'empêche pas les individus de se trouver beaux et de prendre soin d'eux. Comment se trouver attirant malgré les années ? « Simplement en étant heureux d'être dans un corps qui permet de célébrer la vie jour après jour » répond Julie Pelletier. Elle ajoute que ce sont souvent les petits détails qui font toute la différence :  une belle coiffure, un vêtement neuf, des chaussures confortables.  « Il suffit de trouver l'équilibre entre ce que l'on souhaite et ce que l'on vit. Les attentes doivent demeurer réalistes ! » explique-t-elle.  

Pour avoir une sexualité épanouie en vieillissant, il faut se donner le droit d'en profiter. Non seulement la sexualité est un plaisir humain, elle est aussi bénéfique pour la santé physique et mentale : « La sexualité permet, notamment au niveau physique, de stimuler plusieurs neurotransmetteurs liés à l'attachement et au plaisir, mais également, elle donne la chance aux gens de se rapprocher, de se rassurer, de partager de la tendresse, de satisfaire le besoin de toucher et d'être touché, » dit Mme Pelletier.  

De plus, comme pour les relations sexuelles des gens de tout âge, la sexologue rappelle qu'il est important que le consentement mutuel, le désir, le respect et la confiance soient au rendez-vous.  

Pour terminer, Julie Pelletier nous rappelle les mots de Simone de Beauvoir : « S'interroger sur la sexualité des vieillards, c'est se demander ce que devient le rapport de l'homme à lui-même, à autrui, au monde quand a disparu dans l'organisation sexuelle le primat de la génitalité. »