Considérée comme un trouble persistant de l’acquisition et de l’automatisation de la lecture, la dyslexie affecte particulièrement la vitesse et la précision en lecture. Au Québec, des professionnels compétents et des services sont disponibles pour prendre en charge les 3 à 6 % des enfants qui seraient dyslexiques. Un regard sur les causes, les manifestations et les défis auxquels font face les personnes atteintes.

De manière pratique, la dyslexie est un trouble d’apprentissage de la lecture. Elle se rapporte à un déficit dans le développement de la reconnaissance et de la production de mots écrits. Ce trouble, qui toucherait plus de 700 millions de personnes dans le monde, se caractérise par des difficultés importantes à identifier des mots écrits avec précision et fluidité et par des faiblesses marquées en orthographe, selon le Centre hospitalier mère-enfant (Chu-Sainte-Justine).

Symptômes ou manifestations
La dyslexie se manifeste sous deux formes principales : la dyslexie phonologique et la dyslexie lexicale ou de surface. La première se définit par l’absence d’automatisation des conversions lettre-son. Étant la forme la plus fréquente, la phonologique se caractérise par des « difficultés importantes dans la conversion des lettres en sons, la confusion de sons et dans l’ordre des lettres d’une syllabe ». La dyslexie lexicale, par contre, c’est l’incapacité à automatiser à partir de la forme visuelle des mots, de même qu’à récupérer en mémoire la prononciation associée au mot. Cette forme moins fréquente de dyslexie se distingue par des « difficultés importantes à reconnaitre globalement les mots vus et à comprendre ce qui est lu ».

Héréditaire et neurologique
La dyslexie est héréditaire, c’est-à-dire programmée dans le code génétique. Voilà ce qui est démontré par beaucoup d’études conduites sur le sujet. « La probabilité qu’un enfant soit dyslexique monte à 50 % si l’un de ses parents l’est. », indique l’orthophoniste Marie-Ève Bergeron-Gaudin. La dyslexie ne s’explique nullement par une déficience intellectuelle ou visuelle. Beaucoup de célébrités en souffrent d’ailleurs et acceptent d’en parler ouvertement dans le but de la combattre. C’est le cas par exemple de Patrick Dempsey, Tom Cruise, Orlando Bloom et de Salma Hayek. Des scientifiques célèbres ont été aussi éprouvés par ce trouble. Citons entre autres le cas du mathématicien et physicien allemand Albert Einstein et du chimiste-physicien français Louis Pasteur.

Le trouble est aussi d’origine neurologique. En effet, le cerveau des personnes atteintes éprouve de la difficulté à percevoir et à analyser de façon précise et rapide les sons dans les mots. Des chercheurs ont observé qu’un dyslexique n’utilise pas les mêmes parties de son cerveau au cours de la lecture que les autres lecteurs.

Vie de défis
Une personne atteinte de la dyslexie fait face à un ensemble de défis dans sa vie en général et dans sa vie scolaire en particulier. Isolement, regard fuyant, tendance à couper la parole, difficulté à maitriser la colère, ce sont autant de difficultés qu’elle éprouve de façon générale. Concernant la vie scolaire, les plus grands défis du dyslexique sont : réussite scolaire inférieure par rapport à son potentiel, erreurs d’inattention aux examens, inaptitude à suivre les directives, désorganisation des idées, changements fréquents de sujet et, certainement, des difficultés à lire de longs textes.

Bien que découvert au XIXe (1861) siècle, ce trouble d’apprentissage semble être encore méconnu du grand public. « Il y aurait entre 5 et 15 % des enfants d’âge scolaire qui présenteraient un trouble d’apprentissage », précise Marie-Claude Guay, Ph. D., professeure au département de psychologie à l’UQAM. La chercheure associée au Centre Jeunesse de Montréal-Institut Universitaire (CJM-IU) regrette que la dyslexie soit encore méconnue et trop tardivement identifiée. Une situation qui risque de retarder l’accès aux interventions efficaces et aux mesures de soutien pédagogique disponibles.  

Professionnels et services disponibles
Les orthophonistes, les psychologues et les orthopédagogues sont parmi les professionnels qui bénéficient de l’autorité pour intervenir auprès des personnes dyslexiques. Normalement, ils établissent ensemble le diagnostic à la suite d’« interventions ciblées et intensives ».

Pour traiter des difficultés liées à cette maladie génétique, des services spécialisés et des adaptations sont disponibles dans les écoles. Des cliniques privées offrent aussi leurs services. Il existe également des « logiciels révolutionnaires » conçus pour les aider les dyslexiques. Il faudra enfin compter sur les bons offices de l’Association canadienne de la dyslexie dont le mandat est de sensibiliser le public afin d’améliorer la qualité de vie des Canadiens touchés par « la cécité verbale ».