La popularité du végétalisme ne semble pas vouloir s’essouffler. De plus en plus de restaurants, blogues, livres de recettes et conférences sur le sujet sont offerts à ceux qui adoptent ce type d’alimentation.

Que ce soit pour des raisons éthiques, environnementales ou de santé, si en tant que parent, on devient végétalien par choix, nos enfants peuvent-ils suivre la danse ?

Le végétalisme se différencie du végétarisme par l’absence d’aliments d’origine animale. On exclut non seulement la viande et le poisson, mais également les œufs et les produits laitiers. Certains végétaliens sont aussi véganes, c’est-à-dire qu’ils excluent de leur vie tout produit provenant d’un animal, comme la fourrure ou le miel.

Thao Bui, nutritionniste et auteure du blogue La végé d’à côté, rencontre régulièrement des végétaliens et futurs végétaliens: «  C’est sûr que j’ai une manière de voir les choses et j’attire une certaine clientèle. En général, mes clients choisissent le végétalisme pour l’éthique. Une petite partie le fait pour la santé », explique madame Bui.

L’American Dietetic Association et les Diététistes du Canada reconnaissent d’ailleurs les bienfaits d’une alimentation sans viande pour la santé. Pourtant, le discours populaire reflète une inquiétude quant aux possibles carences reliées au végétalisme, particulièrement chez les enfants. Auront-ils tous les nutriments nécessaires à leur croissance ?

Les experts en nutrition et les études nous prouvent que oui, comme l’explique la nutritionniste Thao Bui: «  À moins d’avoir une condition particulière, quelqu’un qui est santé peut être végétalien de la naissance à la mort. En ce moment, je suis plein de bébés végétaliens qui sont en pleine santé. L’alimentation du nourrisson fait d’ailleurs partie de mes spécialités ».

Une alimentation équilibrée demeure de mise, comme chez l’individu omnivore. Chez le végétalien, la carence la plus fréquente est celle en vitamine B12, qu’on retrouve originalement dans les produits animaliers.

Elle peut causer des problèmes sur le plan neurologique et chez les bébés, ces dommages peuvent être irréversibles à certains degrés. Il est donc important pour une maman végétalienne de consommer cette vitamine, qu’on retrouve en quantité suffisante dans plusieurs produits végétaux enrichis, comme les boissons de soya: «  Pour les enfants allaités, si la maman prend de la B12, ça va dans le lait maternel. Il existe aussi des formules à base de soya, presque 100% végétaliennes, pour nourrisson », spécifie madame Bui.

Le fer est également un nutriment à surveiller chez les végétaliens, car l’organisme absorbe plus difficilement le fer des végétaux que celui provenant d’une source animale. De simples astuces peuvent toutefois faire la différence. Par exemple, Thao Bui suggère à ses clients d’ajouter une source de vitamine C, ce qui facilite l’absorption du fer.

Consulter un ou une nutritionniste demeure une façon fiable d’obtenir ce type d’information, indispensable pour une alimentation végétalienne équilibrée et adaptée à toute la famille. Cependant, comme le souligne Thao Bui, certains se tournent plutôt vers des sites web ou des coachs en nutrition, sans formation reconnue : «  Les gens vont parfois éviter de consulter parce qu’ils ont eu une mauvaise expérience avec une nutritionniste ou parce qu’ils ont peur de se faire disputer par leur médecin. Il y a encore des préjugés, même chez les professionnels de la santé ».

Les préjugés de l’entourage constituent d’ailleurs un défi de taille pour un parent végétalien. Une grand-maman inquiète, un conjoint qui veut rester omnivore, il faut se préparer à discuter et faire preuve de flexibilité: « Certains vont décider qu’on mange végétalien à la maison, mais que les enfants peuvent manger ce qu’ils veulent à l’extérieur », souligne Thao Bui.

La véritable épreuve des parents végétaliens ne se trouve donc pas dans l’assiette, mais dans la vie sociale.