Que ce soit pour des personnes seules ou des couples stériles ou homosexuels, adopter est un moyen courant de fonder ou d'agrandir une famille. Mais la route vers l'adoption est souvent longue et ponctuée d'étapes difficiles. Il est donc important d'être bien renseignés et surtout, bien préparés.

Micheline, qui a émis le souhait de rester anonyme par souci de protection de ses enfants, est l'heureuse maman de trois garçons: Justin 6 ans et Guillaume 4 ans, une fratrie adoptée en 2012, et du petit Olivier, mis au monde en 2015 grâce à un traitement de fertilité.

Ce sont des ovaires polykystiques qui l'empêchent d'avoir des enfants naturellement: « [L’adoption] n'était pas notre premier choix. Mais avec les recherches, l’influence d’amis proches qui ont  aussi adopté, et de la lecture sur le sujet, mon conjoint et moi avons finalement choisi l'adoption québécoise » explique-t-elle.

Une adoption incertaine
L'adoption québécoise, aussi appelée adoption interne en banque mixte, est gérée de manière autonome par les centres jeunesse régionaux. Les délais de traitement varient d'un centre à l'autre, et dépendent notamment du nombre de demandes, du nombre d'enfants et du personnel disponible pour traiter les dossiers.

Fait important à souligner : avec cette procédure, l'adoption de l'enfant n'est pas certaine. « En adoption de type banque mixte, nous sommes considérés comme une famille d’accueil ayant éventuellement le but d'adopter. À leur arrivée, les garçons avaient encore des contacts avec leurs grands-parents biologiques, exemplifie la jeune mère. Nous devions respecter des délais prescrits avant même la présentation d’une demande d’admissibilité à l'adoption. »

Durant environ deux ans, les travailleurs sociaux s'assurent que la meilleure option pour l'enfant est bien sa famille d'accueil. Le risque que la décision finale soit de le renvoyer auprès de ses parents biologiques est estimé à 10%.

Dans ces rares cas, la séparation représente un moment très difficile, compte tenu les liens étroits s’étant tissés durant des mois, voire des années. Micheline a d’ailleurs craint cette éventualité: « On se disait que nous donnions le maximum pour les aider et les aimer, et que s'ils repartaient, nous aurions eu la satisfaction d'avoir été aidants et dévoués pendant la période qu'ils étaient avec nous, confie-t-elle. Mais rien ne peut vraiment nous protéger de la douleur de perdre un enfant ».

Micheline et son conjoint n'ont pas eu à vivre cette désagréable expérience. L'adoption finale leur a en effet été accordée par la cour au mois de septembre 2015.

Des besoins spécifiques
La plupart des enfants des centres jeunesse ont été retirés à leur famille d'origine par la direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Ces enfants ont donc souvent été victimes de mauvais traitements et de négligence. Le docteur Chicoine, pédiatre au CHU Sainte-Justine de Montréal et spécialiste de l'adoption, insiste sur leurs besoins spéciaux liés à une carence affective et à des problèmes d'attachement. Selon le Dr Chicoine, les futurs parents adoptifs doivent être conscients de l'état psychologique de ces enfants, de leurs blessures invisibles, et s'y préparer adéquatement.

Micheline et son conjoint ont été confrontés à ce phénomène: « Nos petits ont été abandonnés, négligés, mal-aimés, déracinés. Ils ont été laissés trop longtemps dans des situations incertaines, déplacées. Les visites avec les grands-parents biologiques ont fait mal psychologiquement aux enfants », énonce-t-elle.

Mais Micheline s'y était bien préparée. Elle a profité des 5 années d'attente du traitement de son dossier, ce qu'elle appelle "sa longue grossesse de coeur", pour lire, se renseigner et se rapprocher d'autres parents adoptants au Québec. Elle poursuit d'ailleurs cette démarche aujourd'hui: « Je continue de me documenter, de m'informer, d'apprendre comment réparer mes petits. Je rencontre des professionnels qui peuvent me pister sur le comment et le pourquoi, expose-t-elle L'attachement est quelque chose de vital pour un enfant. Avoir confiance, se sentir en sécurité avec son parent est primordial à son développement global».

Il existe donc des différences entre un enfant adopté et un enfant naturel, différences que les parents adoptants ne doivent pas essayer de gommer, mais plutôt d'assimiler pour mieux y répondre.

Or, la différence s'arrête là. Pour ceux qui sont tentés de croire que l'on aime différemment un enfant adopté, voici ce que Micheline en pense: « Je ne suis pas une moitié de maman. Mon conjoint n'est pas une moitié de papa. Nous sommes leurs parents au complet et sommes les seuls papas et mamans qu'ils ont. Ils sont nos enfants à part entière. Je les aime de tout mon cœur, et ce, au même niveau ».

Pour du soutien avant, pendant et après adoption, contactez La Fédération des Parents Adoptants du Québec: www.fpaq-adoption.ca

Pour plus d'informations sur l'adoption, contactez le centre jeunesse de Laval: www.centrejeunessedelaval.ca