Chez l'enfant, le mutisme sélectif est caractérisé par une incapacité à parler et à communiquer avec d'autres dans certaines situations spécifiques, et ce, de façon persistante. Quelles sont les causes? Comment reconnait-on les signes et surtout, comment peut-on aider un enfant qui est touché par cette difficulté ?    

«  Le mutisme sélectif est une difficulté de communication. Ce n'est pas ce qu'on considère typiquement un trouble de langage parce que normalement, l'enfant qui souffre de mutisme sélectif est en mesure de parler, le langage se développe normalement. C'est en dehors des contextes familiers de la maison ou avec des gens qu'il connaît où il ne parle pas, ne communique pas,  » dit James Lapointe, orthophoniste à la Clinique d'orthophonie Le Carrefour à Laval. «  C'est quand l'enfant arrive à l'école qu'on voit souvent s'il peut communiquer ou si, au contraire, il ne communique pas. Donc un orthophoniste en milieu scolaire pourrait aider à désensibiliser l'enfant à ce milieu qui est plus demandant ou plus exigeant pour la communication,  » dit Lapointe.    

Le mutisme sélectif se développe pour plusieurs raisons. Autant il peut venir de problèmes d'anxiété ou d'une faible estime de soi, autant il peut cacher un problème de langage. «  Par contre, la majorité du temps, il n'y a pas de problème de langage lorsqu'il y a trait au mutisme sélectif. Ce qu’il faut faire, c'est traiter le côté psychologique,  » dit Lapointe. «  La plupart du temps, il faut qu'un psychologue soit impliqué, en plus du travail avec la famille et le professeur. C'est un partenaire important dans le traitement pour ces enfants-là.  »  

Comment faire pour composer avec le mutisme sélectif lorsqu'on en est témoin? Le premier conseil de Lapointe, c'est de ne pas mettre de la pression. «  Plus on met de la pression, plus dur ça va être,  » dit-il.  «  On ne veut pas isoler l'enfant devant le groupe non plus.  »  

Il faut aussi s'armer de patience, parce que le mutisme sélectif est un problème à régler sur le long terme. «  Ce n'est pas un problème qui se résout en une ou deux semaines, typiquement. Ça prend de la patience et de la persévérance, et ça prend un peu de compréhension,  » dit Lapointe. «  Même un à un avec l'adulte, ça peut être difficile.  »  

Pour réussir à communiquer avec le jeune, Lapointe recommande de trouver une personne avec qui l'enfant est à l’aise comme un ami, un frère ou une sœur, par exemple, et de voir, à travers le petit groupe, comment on peut arriver à la communication.  

Une autre façon de communiquer avec le jeune, c'est de le faire autrement que verbalement. «  Par exemple, on peut encourager le jeune à faire un signe de la tête pour oui ou non. On peut aussi utiliser des images pour communiquer des demandes simples, comme aller à la toilette,  » dit Lapointe. «  Il faut  simplement encourager tout geste communicatif. Lentement, l'enfant va commencer à communiquer verbalement et tranquillement, on encourage la communication verbale.  »  

Lapointe recommande aussi de voir avec les parents quelles sont les activités que l'enfant aime faire afin de les incorporer le plus possible dans la classe ou autres milieux où il souffre de mutisme sélectif. Cela aide l'enfant à gagner en confort tout en diminuant son anxiété.