Le miracle de la vie jaillit plus de 4300 fois chaque année à Laval! 4300 femmes au ventre lourd enfantent à travers une tempête d’hormones qui les transportent sur de nouveaux rivages. La plénitude quitte leur ventre pour occuper leur nouvelle poitrine que la nature a rendue prête à nourrir. Aux premières loges de ce spectacle, 4300 partenaires de vie ébahis, transis de bonheur et quelque peu désorientés.

Si, la plupart du temps, la joie constitue la trame de fond, l’aventure prend parfois des détours plus complexes. Grossesse non désirée, complications obstétricales, père absent, difficultés financières ou isolement social sont tous des facteurs qui peuvent assombrir l’expérience.

Mais même sans difficultés majeures, être responsable d’une nouvelle vie implique une période de vulnérabilité universelle, des recherches récentes l’ont démontré. En effet, le miracle de la création d’un petit humain, aussi porteur de grandes joies soit-il, implique tout de même de grands bouleversements dans le quotidien des nouvelles familles.

Il faut dire que nos rejetons sont les plus démunis de tous les bébés mammifères et ceux qui naissent au stade le moins avancé de leur développement. À la naissance, le cerveau du bébé humain ne fait que 25% du poids qu’il atteindra à l’âge adulte. Ce taux est de 50% chez le chimpanzé et de 75% pour le cheval. Si le chaton trottine allègrement à un mois et si le poulain galope dans les heures qui suivent sa naissance, les petites personnes quant à elles, marchent maladroitement à un an!

Le bébé humain est investi d’un incroyable potentiel de développement, mais il aborde la vie dans un état de dépendance absolue et il réclame, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, réponse à ses besoins fondamentaux. Il faut énormément d’énergie pour nourrir, vêtir, baigner, endormir, consoler, changer les couches, bercer, soigner, cajoler ce petit être si mignon, mais si exigeant.

Il n’est pas rare, et il est même normal que, pétri de fatigue au beau milieu d’une nuit morcelée au rythme de son bébé, un parent nourrisse des idées sombres. D’ailleurs, à une voisine qui lui faisait remarquer combien son bébé sentait bon, la psychologue américaine Harriet Lerner lançait  : «  Dieu donne aux bébés une odeur irrésistible pour que leur mère ne les jette pas par la fenêtre au beau milieu de la nuit.  » (The Mother Dance).

Ce n’est pas pour rien que le célèbre proverbe africain «  Ça prend un village pour élever un enfant  » est repris aussi souvent. Une enquête québécoise récente met d’ailleurs en lumière qu’un parent sur quatre n’a personne sur qui compter lorsqu’il n’en peut plus. Cette situation est un terreau des plus fertiles pour que les difficultés normales de la vie s’aggravent et prennent des proportions inquiétantes.

Les familles ont besoin de soutien. Les futurs et nouveaux parents ont besoin de se préparer à l’accueil d’un bébé, besoin d’être informés pour faire des choix éclairés et se donner les conditions qui leur conviennent pour la naissance de leur enfant et pour les soins à lui prodiguer. Les parents ont besoin d’échanger, de s’outiller, de rencontrer d’autres parents et de s’entraider.

Les futures et nouvelles mères ont besoin de se préparer, physiquement et mentalement pour accoucher. Elles ont besoin de se remettre en forme dans des conditions qui respectent les changements de leur corps. Elles ont besoin de soutien pour amorcer l’allaitement, si c’est leur choix, et pour le poursuivre si elles connaissent des embûches. Lors du congé de maternité, les femmes se retrouvent isolées de leur environnement social habituel et ont besoin d’occasions pour sortir de la maison et continuer à avoir des relations avec d’autres adultes.

Les pères ont également besoin d’être soutenus pour s’adapter à leur nouveau rôle dans un contexte où les modèles porteurs ne leur sont pas nécessairement accessibles. Les bébés ont besoin de développer un lien d’attachement sécurisant avec ses parents puisque c’est le préalable incontournable à leur capacité à devenir des adultes épanouis et autonomes.

Une ressource comme Mieux-Naître à Laval (MNL) cherche à répondre à tous ces besoins. En centrant son attention sur les besoins des parents, MNL contribue au développement global des enfants et profite d’une extraordinaire fenêtre d’opportunité pour agir en prévention. Peut-on agir plus tôt qu’avant même la naissance du bébé ? MNL est l’unique Centre de ressources périnatales (CRP) dans notre ville. MNL propose un village ouvert pour les familles qui sont de plus en plus nombreuses à le fréquenter. Pourtant, Mieux-Naître à Laval est actuellement en processus de fermeture, faute d’avoir obtenu le financement requis du ministère de la Santé.

Laval est la troisième ville en importance au Québec, elle connaît une croissance démographique soutenue, mais, pour une raison inconnue, les familles lavalloises n’ont pas droit aux services d’un CRP alors que le ministère de la Santé les finances dans dix autres régions du Québec. Ironiquement, la Ville de Laval est entourée de CRP financés (St-Eustache, Terrebonne, Montréal). Aux yeux de toute l’équipe de MNL et de sa clientèle, il s’agit d’une grande injustice.

Si on veut offrir les meilleures chances qui soient au bébé, il faut d’abord soutenir ses parents. Mieux-Naître à Laval n’a qu’une envie, c’est de poursuivre cette mission.