Sans équivoque, le cancer est un mal qui fait des ravages depuis plusieurs années. Comment est-ce qu’une famille aborde la chose lorsqu’une telle nouvelle la frappe?

C’est avec des statistiques peu encourageantes que la Société canadienne du cancer a publié en 2015, une étude démontrant que 2 Canadiens sur 5 risquent de développer un cancer au cours de leur vie. Plus précisément, on parle de 45 % des hommes et 42 % des femmes. Au-delà de ces chiffres et une fois le diagnostic tombé, comment les proches, famille et amis de la personne touchée, agissent-ils et devraient-ils agir ?

Marika Audet-Lapointe, oncopsychologue et neuropsychologue à la clinique PSYmedics, affirme qu’on ne peut pas prédire le comportement de chaque individu. Étant un questionnement extrêmement complexe, dans la plupart des cas, les proches sont animés par la peur. Ils se créent eux-mêmes des images mentales précoces de la mort de l’être cher, affecté par la maladie.

Souvent, on constate dans le comportement de la famille une surprotection de la personne malade donc, on cherche à l’empêcher de souffrir. On veut qu’elle se repose, mais ces personnes, malgré le cancer, ont besoin de se sentir utiles et, lorsqu’elles le peuvent, doivent prendre part à des tâches sociales.

L’oncopsychologue explique aussi qu’à force de vouloir protéger la victime, les proches s’essoufflent par eux-mêmes, ainsi la récupération est d’autant plus difficile à aller chercher puisqu’un sentiment de culpabilité peut s’installer.

La famille peut-elle pallier l’aide psychologique ?
Il est fréquent de croire que les proches du malade pourront le soutenir tout au long du processus, mais à bout d’énergie, souvent mal investie, ils n’ont plus la force de lui venir en aide, ou ne savent pas comment s’y prendre. Dans tous les cas, l’aide psychologique est appropriée. Marika Audet-Lapointe explique que le malade et ses proches peuvent venir chercher de l’aide pour trouver des réponses à leurs questions et leurs incertitudes. Ils consultent pour se faire aider à accepter et reconnaître le diagnostic posé, réapprendre à passer du temps de qualité dans la maladie et se faire accompagner en fin de vie. Ces processus peuvent sembler très simples pour quelqu’un en dehors de la situation, mais ils sont loin de l’être pour un autre qui est directement au cœur du problème.

L’oncopsychologue, qui travaille aujourd’hui en clinique privée, a déjà œuvré dans le milieu hospitalier. Elle explique qu’à l’hôpital, les infirmiers et médecins offrent aux patients des ressources comme le soutien psychologique, mais les patients refusent quelques fois sous prétexte qu’ils sont bien entourés. Malgré la volonté de l’entourage, il arrive qu’ils se trompent, la plupart du temps à cause de l’épuisement des proches à vouloir surprotéger le malade.

Comment agir ?
Il est certain que le cancer ne vient pas avec un mode d’emploi. Il est important pour une famille d’être présente pour la personne atteinte, de bien l’encadrer pour qu’il sache que ses proches sont là pour lui s’il en ressent le besoin, mais aussi de lui faire confiance. Il ne faut pas avoir peur non plus d’aller chercher de l’aide à l’extérieur, plusieurs intervenants sont très bien formés pour apporter l’appui nécessaire aux gens souffrant de détresse. Ces dernières années, les progrès de la médecine sont impressionnants. Outre la médecine, la psychologie et les autres services sociaux offrent une panoplie d’éléments aidants, il ne suffit que d’aller cogner à leur porte pour en bénéficier.