Les parents consultent souvent en psychologie parce qu’ils veulent que leur enfant cesse de faire des crises. Ils tentent toutes sortes de stratégies, certaines meilleures que d’autres, sans nécessairement obtenir une amélioration notable. 

Avant toute chose, il est bien important de faire une évaluation de la situation avec le professionnel consulté, car l’intervention des parents sera complètement différente en fonction des causes déclenchant les crises. Un enfant faisant des colères n’est pas nécessairement un enfant opposant. Il peut manifester plutôt un niveau d’anxiété élevé, être très sensible, mettre à l’épreuve le lien d’attachement avec son parent ou tout simplement avoir du mal à tolérer les refus.

Comment reconnaît-on les déclencheurs de crises ? Notez, notez, notez…notez le début, le milieu et l’après-crise. Notez vos paroles et vos réactions ainsi que celles de votre enfant. Un fil conducteur en ressortira.

Un enfant anxieux : il s’agit d’un enfant qui est craintif. Il réagira à des situations anxiogènes pour lui. Des craintes sont présentes et il sera plutôt résistant selon le niveau d’anxiété. Par exemple, si un enfant refuse d’aller dans sa chambre en réflexion la porte fermée, les parents peuvent conclure qu’il ne veut pas les écouter. Toutefois, cet enfant peut avoir peur d’être seul dans sa chambre la porte fermée ou peur d’être éloigné de son parent. Ainsi, l’intervention doit être adaptée. Par exemple, on peut faire un retrait dans un endroit où il pourra voir son père ou sa mère. Toutefois, le parent devra ignorer son enfant durant le retrait. Dans le même sens, un enfant qui fait une crise dès qu’il doit interrompre son jeu peut être entre autres un enfant rigide qui avait son plan de jeu dans sa tête, plan que le parent vient interrompre en lui demandant de ranger. Dans ce cas, il sera préférable de rassurer le bambin en lui expliquant qu’il pourra poursuivre son scénario imaginaire un peu plus tard. On peut également accepter de ne pas déplacer son jeu afin qu’il puisse reprendre la suite éventuellement. Ainsi, ces deux exemples d’enfants ayant des réactions de crise sont davantage causés par l’anxiété que par un refus d’autorité parentale.

Un enfant sensible : un enfant sensible est un enfant dont le corps manifeste une trop grande réactivité à des stimuli extérieurs tels des sons, des textures, des odeurs. Ce type d’enfant présentera souvent des signes comme refuser de porter certains vêtements comme un jeans, vouloir que les élastiques à la taille ne soient ni trop serrés, ni trop lâches. Ils peuvent aussi paradoxalement vouloir porter des vêtements amples, mais vouloir serrer leurs souliers. Ces enfants peuvent aussi avoir de fortes réactions lors du moment des repas. Ils peuvent être sensibles aux odeurs de fromage, par exemple, ou aux textures des aliments comme les légumes cuits ou la viande. Les parents d’enfants montrant ce type de comportement ont besoin de comprendre la sensibilité de leur enfant sans voir cela comme des caprices puérils. De l’autre sens, ces enfants ont besoin d’un suivi professionnel afin de diminuer leur réactivité ou augmenter leur tolérance aux stimuli. Ce travail demande de la patience et encore une fois, les parents doivent avoir une attitude encourageante avec leur enfant.  Une approche cassante et drastique ne fera qu’augmenter l’inconfort de leur enfant. Ici, le défi est de faire faire des petits pas à leur enfant en respectant son rythme, mais en le sortant aussi de sa zone habituelle de confort.

Un enfant mettant à l’épreuve le lien d’attachement : ce type d’enfant fera souvent de grosses colères impressionnantes. Il utilisera des phrases blessantes comme « je ne t’aime plus » ou « je veux changer de maison ». Il peut aussi utiliser la violence physique en donnant des coups à son parent. Souvent, les parents vont expliquer que dès qu’ils ont un bon moment, une crise survient peu après. Ces enfants peuvent autant rejeter leurs parents que d’avoir du mal à s’en éloigner. Par exemple, ces bambins peuvent être en réflexion, vouloir discuter avec leurs parents pour se réconcilier, mais lorsque ces derniers viennent vers eux, ils leur diront vivement qu’ils ne veulent pas les voir. Et là, débute la danse du « je te fuis, je te suis ».   Ici, il est important de comprendre que le parent a un grand rôle à jouer et que ce rôle sera prédominant et déterminant dans l’évolution de cette dynamique. Le parent qui se sentira blessé par les mots ou les actions de son enfant n’arrivera pas à l’aider à se calmer. Il sera plutôt en train de gérer son sentiment de rejet. Par ailleurs, un parent qui ne prendra pas les assauts personnellement arrivera beaucoup plus à comprendre et avoir assez de détachement pour voir la détresse de son enfant. Les enfants qui mettent à l’épreuve le lien d’attachement de la sorte le font assez souvent, car ils reçoivent des messages d’amour conditionnel de la part de leurs parents. Un parent qui devient froid après la crise de son enfant, même si celui-ci s’est calmé et même excusé, montre à son enfant la rancune et un amour conditionnel : « Si tu es méchant, je ne veux plus de toi ». Cette dynamique est même observable à l’âge adulte.   Dans ce cas, il faut aider le parent à ne pas prendre les choses contre lui et bien comprendre les difficultés d’attachement de son enfant et peut-être même ses propres difficultés d’attachement.

Un enfant opposant : Un enfant opposant présente un refus d’écouter et de se conformer aux demandes de l’adulte. Il le fera plus souvent parce qu’il a du mal à tolérer la contrainte. On dira qu’il a une faible tolérance à la frustration. Ce type d’enfant peut mentir pour éviter de reconnaître ses torts. Cela peut être causé par le fait qu’il n’a pas été assez contraint auparavant et en l’occurrence, s’est habitué à agir comme il le souhaite. D’autres enfants auront eu malgré tout un encadrement stable par leurs parents, mais seront tout de même opposants. Il arrive que d’autres problématiques se cachent en trame de fond et apportent plus d’opposition chez l’enfant, tel que le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité/impulsivité (TDAH). Les parents qui ont un enfant qui semble faire des colères en raison d’un refus d’autorité doivent être clairs dans leurs demandes, mais aussi constants dans leurs méthodes et dans leurs limites établies.

En somme, les raisons qui déclenchent les crises de l’enfant détermineront la manière d’intervenir avec lui. Il est important de bien cerner les différences et de bien comprendre la dynamique avec son enfant. Lorsqu’un parent vit des difficultés avec son enfant ou si celui-ci démontre des problèmes de gestion des émotions, il est toujours préférable d’intervenir le plus tôt possible en allant chercher l’aide appropriée auprès d’un psychologue ou d’un professionnel reconnu. Une bonne évaluation déterminera les interventions à privilégier.