Avez-vous déjà remarqué un collègue avec un casque audio vissé sur la tête ? Ou peut-être avez-vous des enfants qui ne peuvent s'empêcher d'étudier avec une musique de fond ? Et bien sachez que ce duo musique/travail est très répandu, autant chez les travailleurs que dans le milieu étudiant. Joindre l'utile à l'agréable, cela semble idéal. Mais cette musique, a-t-elle une influence positive ou négative sur notre efficacité ?

La littérature et les recherches scientifiques sur ce sujet abondent. Pourtant, cela semble encore aujourd'hui impossible de répondre par un oui ou par non. Pour la neuropsychologue Nathalie Gosselin, professeure au département de psychologie de l'Université de Montréal : « Il est difficile pour l'instant de répondre, car la science n'en est pas encore certaine. Ce n'est ni tout noir, ni tout blanc, ça dépend. » Ça dépend ? Mais de quoi professeure ?

Selon Mme Gosselin, qui est également membre du laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (BRAMS), plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Un premier facteur, le plus évident, est l'individu lui-même. En effet, l'environnement sonore n'a pas le même impact sur chacun d'entre nous. En d'autres termes, chaque personne réagit différemment à la musique : certains sont plus mélomanes et littéralement absorbés par la musique, tandis que d'autres n'y prêtent même pas attention. Pour les premiers, la musique peut devenir une source de motivation et un moyen de favoriser la concentration. Pour les autres, elle ne présente aucun intérêt particulier et elle pourrait même devenir gênante.

Dans le même ordre d'idées, certaines personnes vivent avec un trouble de l'attention ou une faiblesse de concentration. Celles-ci considéreront alors la musique comme un véritable obstacle à surmonter dans la réalisation de leurs travaux, ou pour leurs études.  Pour les autres qui ne présentent aucun déficit d'attention, la musique sera une source de motivation qui n'entravera en rien leur faculté de concentration.

D'après la neuropsychologue, « le volume et le tempo de la musique en question peuvent également avoir une grande influence sur la qualité du travail effectué ». Étudier en écoutant de la musique rapide à un volume élevé va certainement avoir l'effet d'un bon coup de fouet, mais cela va aussi rapidement épuiser le système et affecter négativement la concentration et l'humeur de l'individu.

Le type de musique va lui aussi avoir son importance. Plusieurs études ont pu démontrer que les paroles des chansons nuisent à la production de certaines tâches, car elles sont cognitivement distrayantes. Il est donc recommandé de n'écouter que de la musique instrumentale, préférablement de faible tempo et pas trop fort. Avec ce descriptif, on pense immédiatement à de la musique classique, au jazz ou aux musiques de film. Mais la liste peut aisément s'allonger et comme le fait remarquer notre spécialiste : « L'essentiel est de laisser le choix aux individus pour qu'ils soient en phase avec la musique de leur choix ».

Enfin, Mme Gosselin ajoute qu'il faut aussi tenir compte du type de l'activité à exercer. D'après elle, « les parties plus exigeantes d'un travail, où l'on doit communiquer ou faire de la rédaction, sont plus difficiles à réaliser en écoutant de la musique ». Ainsi, une musique de fond ne dérangera pas une phase de lecture ou un travail répétitif, mais elle pourrait nuire à des travaux nécessitant plus de réflexion.

La musique permet à certaines personnes de mieux se concentrer, en leur permettant de s'isoler dans une bulle, une bulle de travail, personnelle et sonore. Un simple casque audio permet ainsi aux étudiants qui se trouvent dans un environnement bruyant, ou aux travailleurs qui occupent un bureau à aire ouverte, de se protéger des interférences sonores et de se concentrer davantage sur leurs travaux. Musique et travail semblent donc être tout à fait compatibles, à condition, comme nous venons de le voir, de prendre certaines précautions.