Rachid Badouri, 40 ans, a beau être à la conquête du monde, ce n'est pas pour autant que l'humoriste renie ses origines. Au contraire, Badouri est un fier Lavallois; il a grandi dans le coin du Domaine Renaud et a désormais sa propre demeure dans la ville.
Badouri aime la diversité que Laval offre, le fait que ce soit la banlieue tout en bénéficiant de ce que le centre-ville a à offrir. « Tout est à la portée de la main. C'est une ville qui est propre, c'est une ville amusante. Je ne vais jamais déménager de Laval. Je vais peut-être avoir des propriétés dans d'autres villes, mais je ne quitterai jamais Laval », dit-il. Badouri étant un homme de famille, il apprécie également que sa ville soit aussi familiale. « Je ne peux pas vivre sans ma famille, c'est impossible », dit-il, « Et c'est familial, Laval. Ça rime avec, en plus. C'est dire à quel point c'est très familial. »Badouri a toujours été très proche de sa famille. Ses parents, qui ont grandi dans un petit village berbère au Maroc, ont été parmi les premiers Marocains à immigrer au Québec, et plus particulièrement à Laval. « Je suis très fier de mes parents », dit Badouri. « Ils ont toujours été de fiers Québécois et c'est ça que j'ai toujours aimé d'eux. Ils ne voulaient pas se ghettoïser ». Ses parents parlaient un mélange de français et de berbère et préparaient autant de la nourriture québécoise que marocaine à la maison. « On avait une super belle synergie entre les deux, c'était fou comment on apprenait à mélanger les deux cultures, » dit-il.Si les parents de Badouri lui ont inculqué une grande ouverture culturelle, c'est au secondaire qu'il a découvert le multiculturalisme en étudiant à l'École secondaire Saint-Maxime : « Je ne voulais pas y aller parce que je voulais suivre les pas d'une de mes sœurs et d'amis plus vieux qui allaient à Mont-de-La-Salle. Finalement, ils[E1] ne m'ont pas laissé y aller, même après avoir écrit une lettre à la ville. Malgré que ça a été triste, ça a été la plus belle chose qui me soit arrivée parce que j'ai baigné dans le multiculturalisme à Saint-Maxime. Ça a été pour moi une belle révélation. C'est là que j'ai commencé à apprendre l'anglais aussi. Mon enfance à Laval a été parsemée de ça, parce que je baignais dans toutes les cultures, je mangeais toutes sortes de gastronomies », se souvient-il.Après des études au Cégep Montmorency, Badouri continue de nourrir sa curiosité du monde entier en devenant agent de bord. Il réalise bientôt que cette conquête mondiale se fera par l'humour plutôt que par l'aviation. « J'étais écœuré de la vie que je menais parce que je n'arrêtais pas d'avoir des super belles jobs, mais je n'étais pas à l'aise avec ce que je faisais, je ne me sentais pas bien », dit-il.C'est alors qu'il travaille chez Future Shop qu'il monte une vidéo d'humour et l'envoie à des compagnies. Il est appelé, anime un Gala Juste pour rire, et le reste appartient à l'histoire. « J'ai décidé de tout lâcher et de me concentrer là-dessus, et c'est ce que ça a donné. Il faut croire en ses rêves », dit-il.Malgré son succès de début de carrière, l'humoriste vit une épreuve difficile en 2011, alors qu'il perd sa mère des suites d'un cancer du sein. La maladie de sa mère est pénible pour Badouri. Malgré tout, il continuer à pratiquer son métier.« Une fois, j'ai fait un show devant 100 000 personnes à Montréal, et ma mère n'a pas pu venir parce qu'elle ne pouvait même plus tenir sur ses pieds. Elle était à quelques jours, voire à une semaine de décéder. Ça a été impensable d'aller faire ce show-là, j'ai même demandé aux gens d'avoir une pensée pour ma mère, et tout le monde s'est mis à crier. C'était vraiment beau à voir. C'est l'amour du public qui m'a fait faire un des meilleurs shows de ma vie », décrit-il.Badouri reste très proche de son père, qui habite toujours la maison familiale à Laval. « Cette année, on a passé le cap du cinq ans, donc c'est allégé pour mon père, mais ça reste que ces alliances-là, qui ont été faites il y a 45-46 ans, c'est pour la vie », dit-il. « Pour lui, littéralement, quand ma mère est décédée, c'est comme s'il avait été coupé en deux. Ça a été très dur pour mon père, ça l'est encore aujourd'hui, mais je serais menteur de dire que chaque année, ça ne s'améliore pas. C'est tellement lent et à compte-gouttes », dit-il.L'humoriste essaie de passer du temps avec son père en dépit de son horaire surchargé. « J'ai ma femme, j'ai ma fille, donc c'est plus facile de passer à travers. Ce n'est pas facile, mais c'est plus facile. Mais quand c’est ta partenaire de vie qui n'est plus là, je ne peux même pas imaginer ce qu'il ressent. »En parlant de sa partenaire de vie, Badouri parle souvent de la sienne dans ses spectacles. Lorsqu’il discute de sa femme, Julie, il est clair qu'il en est fier. Quoiqu'elle ne travaille pas pour pouvoir s'occuper de leur fille lorsque Rachid est en spectacle, elle est tout de même très impliquée. « Ma femme est fonceuse. Elle veut travailler avec des migrants en France, surtout des Syriens, parce qu'elle est syrienne. Elle ne se tourne pas les pouces, elle est impliquée, et scolairement, elle est plus éduquée que moi; elle a deux DEC, elle a un baccalauréat, elle est éducatrice spécialisée », dit-il.L'implication est décidément une affaire de famille pour le clan Badouri. En effet, Rachid est impliqué avec Jaguar Land Rover Laval, un concessionnaire avec qui il a organisé plusieurs collectes de fonds. Un de leurs événements phares, une projection du dernier James Bond en avant-première, a eu lieu trois jours avant que le film[E2] ne sorte en salle. Les participants devaient s'habiller en tenue de gala et fouler le tapis rose pour entrer dans la salle. Les fonds récoltés ont été versés à la cause du cancer du sein, la maladie qui a atteint[E3] sa mère. Il est important pour Badouri de collecter des fonds pour le cancer puisque sa mère est décédée des suites de cette maladie.[E4] « Ça me parle. C'est quelque chose qu'on a vécu dans la famille », dit-il.La relation entre l'humoriste et l'équipe du concessionnaire s'est faite de façon naturelle. Badouri s'est lié d'amitié avec les frères Renato et Ercole De Cubellis après avoir acheté un camion à Jaguar Land Rover Laval. « La première année qu'on s'est rencontrés, j'allais à leurs partys de Noël et ils sont venus à mes anniversaires. Ça a toujours été quelque chose d'énorme, de familial, des beaux liens, donc notre relation est basée là-dessus, et c'est la belle relation d'affaires qu'on peut avoir », dit-il.« L'association entre eux et moi, ça a été de mise », dit Badouri. « On n'en a même pas parlé ouvertement, et à un moment donné, on s'est dit que mutuellement, on pouvait s'apporter quelque chose », dit-il. « Parfois, quand je rentre dans le concessionnaire, j'ai l'impression que j'ai des actions là, tellement je veux que ça marche, que ça roule, et je ne suis pas là pour essayer de bénéficier de quelque chose ».Malgré son amour certain pour sa ville et sa communauté, Badouri a désormais une carrière internationale, et a pour but de conquérir la planète au complet.Sa règle d'or, c'est de ne pas déplacer sa famille pour moins de 15 jours. « Au moins, on a la technologie pour se parler », dit-il. « Mais plus de 15 jours, ça, ce n'est vraiment pas faisable. Il faut absolument qu'ils viennent. »Cet hiver, accompagné de sa famille, Badouri met le cap sur la France pour plusieurs mois, alors qu'il est en résidence au Apollo Théâtre à Paris de janvier à avril.« La France est un pays qui n'est pas facile au niveau du showbiz, mais s'il t'ouvre les portes, c'est le ciel qui s'ouvre à toi, parce que c'est la Rome d'aujourd'hui », dit-il.En effet, Badouri a été invité à toutes sortes de destinations francophones, de Marrakech à Haïti à la Tunisie, tout ça grâce à son succès parisien. « C'est comme le Hollywood francophone ; Paris t'ouvre la francophonie mondiale », dit Badouri.Badouri part de Laval en octobre 2016, au lendemain de son anniversaire de 40 ans, pour préparer son spectacle qui commence en janvier. Il profite de son arrivée en sol français pour rôder son spectacle afin de préparer sa rentrée parisienne.Pour se faire comprendre de son public français, Badouri adapte son accent. « Changer son accent, c'est un signe de respect pour le pays dans lequel tu te trouves », explique-t-il. « Quand tu parles devant un public, c'est très normal de se faire comprendre. C'est pas une question de vouloir avoir l'air hot, c'est que t'as pas le choix, parce qu'ils ne vont pas te comprendre », dit-il.Il n'y a pas que son accent qui change, parce que son spectacle est aussi adapté au public français. « L'humour, il faut que ça soit culturel, il faut que les gens comprennent, et que tu parles de ce qu'ils vivent. Il faut qu'il y ait une adaptation, et la mienne était minime, parce qu'apparemment, les jokes que je raconte font autant rire les Québécois que les Français », dit-il.En dehors du Québec et de la France, qui sont maintenant sous son charme, Badouri vise la conquête du monde entier. « C'est notre mission, mon équipe et moi. Chaque fois qu'on arrive dans un pays, on fait de notre passage un événement », dit-il. Peu importe le calibre de l'événement, l'humoriste saisit toutes les opportunités qui s'offrent à lui, parce qu'il sait que c'est comme ça qu'il se fait inviter ou réinviter.Outre une conquête mondiale, Badouri et sa femme ont aussi des projets d'agrandir la famille dans le futur. De beaux projets pour Badouri, qui garde les pieds sur terre et le cœur à Laval. Comme on dit, on peut sortir le gars de Laval, mais on ne peut pas sortir Laval du gars...
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