Isaac Bonequi est un autodidacte qui suit son propre rythme. Malgré des années difficiles à l'école, jumelées à un TDAH, cet entrepreneur, dès le début de sa vingtaine, a toujours défini le succès selon ses propres termes. Alors que la plupart des gens de son âge essayaient encore de savoir quoi faire de leur vie, Isaac Bonequi possédait déjà deux entreprises et, encore à ce jour, ne montre aucun signe de ralentissement.

Les débuts
Isaac est né dans une famille d'entrepreneurs. Son père possède une formation en design et en arts visuels. Il a jonglé avec la photographie, la conception graphique, la construction de sites Web et le travail audiovisuel lors de la création de son entreprise. Sa mère a ouvert une salle de gymnastique et travaillait dur pour maintenir son entreprise à flot.

Être entouré par les arts et un tel esprit d'entreprenariat a inspiré Isaac. Mais vu que ses parents travaillaient de longues heures et qu’il était enfant unique, il passait beaucoup de temps seul. Il a dû comprendre les choses par lui-même très tôt.

En général, tout n’a pas toujours été facile avec ses parents. « D'autres personnes, dont mes parents, ont eu du mal avec moi quand j'étais plus jeune », admet Isaac. « C'est parce que je n'étais pas capable de m'exprimer au début. » Bien que ses parents le voient comme rebelle à l'époque, c’était plutôt un signe de son extrême indépendance. Il n'aimait pas que les autres prennent des décisions à sa place et se sentait pleinement capable de les assumer lui-même.

Éducation
Le milieu académique n’a jamais été facile pour Isaac. Ce n'est pas qu'il était un fauteur de troubles ou manquait de discipline ; il avait tout simplement de la difficulté. Il n'apprenait pas de la même manière que les autres élèves et avait du mal à rester attentif. À l'âge de quatorze ans, on lui a diagnostiqué un TDAH, ce qui l’a aidé à mieux comprendre ses difficultés.

« Le système scolaire est conçu pour un éventail spécifique de personnes », déclare Isaac. « Il fonctionne certainement pour certains, mais pas pour d'autres. Certaines personnes ont besoin de se déplacer, de poser des questions et d'apprendre par l'expérience. »

Dès son plus jeune âge, les intérêts d’Isaac sont variés. Ses professeurs l’encourageaient à trouver un objectif précis. Au secondaire, ses parents le poussaient également à prendre une décision concernant sa carrière et à choisir une matière spécifique. Mais il ne pouvait pas - et ne voulait pas - entrer dans ce moule. À la place, Isaac a essayé beaucoup de choses. Il s'est inscrit dans une école d'art et a suivi quatre cours du soir de niveau collégial, alors qu'il était encore au lycée, dont un diplôme en peinture numérique. « Réussir à l’école d'art m'a démontré que ma place était plutôt auprès d'adultes dans un environnement de travail, et non dans un environnement isolé comme le secondaire, un milieu plus académique », explique Isaac.

Une passion pour la mécanique
Parallèlement, Isaac développe une autre passion. Dès qu’il voie le film Premium Rush, il s’empresse d’acheter un vélo et apprend à le réparer tout seul. C'est venu naturellement parce qu'il avait un penchant pour la mécanique. « D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé construire des choses et les démonter », explique Isaac. « Je voulais savoir comment elles fonctionnaient. Et si je ne savais pas comment faire ou réparer quelque chose, je le découvrirais. »

Il a poursuivi cette passion et a commencé à travailler dans un magasin de vélos. Il a commencé à rester tard au magasin tous les soirs, absorbant tout ce que son mentor partageait. Isaac y a appris les principes d'ingénierie grâce à cette expérience pratique. Bien qu'on lui ait enseigné des concepts de physique et de chimie à l'école, rien de tout cela ne semblait tangible, car il ne pouvait pas appliquer ces notions dans sa vie de tous les jours. À l'âge de dix-neuf ans, il devient le plus jeune gérant de ce fameux magasin de vélos.

Trouver sa propre voie
Il a poursuivi ses études, bien qu’il n’ait jamais réellement apprécié le milieu académique. Rétrospectivement, il dit que l'école lui a communiqué certains outils, mais ne lui a jamais appris à les utiliser.

Isaac a poursuivi ses études au Collège Dawson en arts visuels. Il faisait des jeux vidéo, mais s'ennuyait. Ses camarades de classe étudiaient tous pour trouver un emploi, alors que lui en avait déjà un. Il était très mature et indépendant, surtout par rapport aux autres étudiants. À l'âge de dix-sept ans, il déménage dans son premier appartement et vit seul.

Il finit par abandonner cégep, déterminant que cela ne lui convenait pas. Il a ensuite essayé le Collège LaSalle en marketing de la mode, mais cela ne lui convenait également pas. Ses camarades de classe étaient plus jeunes et avaient un mode de vie différent. Une fois de plus, il se retrouva à apprendre des choses qu'il faisait déjà. En effet, Isaac avait créé une ligne de mode à succès en 2017, des années avant de s'inscrire en marketing de la mode. En tant que gérant du magasin de vélos, il traitait avec les fournisseurs, s’occupait du service-client et de la gestion des ventes parmi ses autres responsabilités. « C'est la principale raison pour laquelle j'ai abandonné ces différents programmes d’études », explique Isaac. « Je m'attendais à être mis au défi et j'ai fini par apprendre des choses que je connaissais déjà. » Il est arrivé à la conclusion qu'il valait mieux s'instruire selon ses propres termes.

Le lancement de son entreprise
Isaac a finalement abandonné l'école traditionnelle pour des chemins moins traditionnels. Sa première entreprise commerciale était une ligne de streetwear qu'il a lancée avec un ami. Puis il a suivi sa passion pour les vélos et a ouvert un magasin, Atelier Olympia Bike Shop & Distributor. Ce n’était non seulement un magasin physique ouvert au public, mais il distribuait et vendait également des vélos au sein de l'industrie.

Aujourd'hui, Isaac est son propre patron et a une myriade de fonctions. « J'ai toujours eu horreur de faire la même chose encore et encore », explique-t-il. « Je ne voulais pas que ma vie soit unidimensionnelle. » En tant que propriétaire d'entreprise, il doit en maîtriser tous les aspects et, chaque jour, il se retrouve à faire des choses différentes. Bien que ses parents n'aient pas toujours été d'accord avec lui, ils ont pu voir de quoi leur fils était capable. Aujourd'hui, ils le soutiennent, lui et ses entreprises, de toutes les manières possibles.

Vivre avec le TDAH
Isaac a mieux accepté son TDAH une fois qu’il ait compris comment fonctionnait son esprit. Les personnes atteintes de TDAH sont souvent dépassées, la clé est donc de rester concentré sur la situation dans son ensemble et de ne pas se perdre dans les détails. Il a développé ses propres systèmes pour se contrôler. Au début et à la fin de la journée, il passe en revue une liste de contrôle mental de ses objectifs quotidiens et hebdomadaires.

Que dirait Isaac aux autres qui trouvent leur TDAH difficile ? « Tout d'abord, vous n'êtes pas seul ! », s’exclame-t-il. « Il peut parfois sembler que vous êtes isolé avec ce trouble, et certains l'utilisent même comme béquille pour ne rien faire. Mais la vérité est que beaucoup se retrouvent dans la même situation. Il s'agit d'accepter qui vous êtes et de jouer sur vos points forts. »

Cela ressemble aux célèbres citations d'Einstein sur la difficulté d'apprendre à un poisson à grimper à un arbre. Ce poisson passera sa vie à lutter et n'atteindra jamais son but. Concentrez plutôt votre attention sur les choses que vous pouvez contrôler. Décidez qui vous voulez être et mettez en place un système détaillant comment vous y arriverez.

Définir son propre succès
Beaucoup de personnes atteintes de TDAH luttent à l'école, en suivant un apprentissage standardisé. Toutefois, ne pas rentrer dans le moule à l'école ne signifie pas que vous n'avez rien à offrir dans la vie. Isaac a trouvé des moyens de prospérer par lui-même et il définit le succès selon ses propres termes. Doté d'un esprit analytique, il est capable de trouver objectivement la racine du problème et d’en générer des solutions. Cela s'applique à la fois à sa vie professionnelle et personnelle.

L'apprentissage qu'il a fait à l'adolescence ainsi que sa constante introspection ont changé sa perspective dans la vie. Faire de la thérapie cognitivo-comportementale était également vital. Il est désormais capable d'identifier et de résoudre les problèmes dès qu'ils apparaissent.

Il conseille à ceux qui souhaitent démarrer leur propre entreprise de faire ce qu’ils aiment. Isaac est toujours resté fidèle à lui-même et a tracé sa propre voie. Il conseille également de garder des objectifs clairs à court, moyen et long terme, et de toujours rester ouvert aux opportunités, même et surtout lorsqu'il y a des difficultés. « La lutte est bonne et, plus vous faites les choses difficiles, plus elles deviennent faciles », stipule-t-il. « La lutte mène également à de nouvelles opportunités. »