Un après-midi de 1984, un autobus passe devant un jeune passager sans s’arrêter pour le faire monter à bord, le chauffeur ne pouvant s’imaginer qu’un gamin d’à peine six ans puisse voyager seul. La situation n’est pourtant pas inhabituelle pour le jeune Christopher Skeete qui se garde seul en soirée tandis que sa maman est partie travailler et que son frère Keith, de six ans son aîné, est en pleine désinvolture d’adolescence.

Issus d’un mariage rapidement dissolu entre une mère québécoise francophone et un père ayant immigré des îles Trinidad et Tobago, Christopher et son frère Keith ont appris tout jeunes et peu encadrés à ne compter que sur eux-mêmes.

Les soubresauts du destin réapparaîtront à l’adolescence. La grande faucheuse privera le futur élu d’une mère au tournant de ses 15 ans.

Optimiste malgré tout
Doté d’un naturel optimiste, Christopher Skeete s’est accroché à la vie contre vents et marées avec une persévérance qui a signé son acte de foi en l’avenir. 

Ambitieux et plein d’idées en tête, il avait bien envie de contrarier le destin qui ne le poussait pas forcément vers de hautes fonctions.  Pourtant, la politique active semblait la seule voie à suivre pour ce diplômé en sciences politiques qui a fait carrière comme fonctionnaire fédéral.

Le temps bonifiant sa réflexion citoyenne, la perspective de participer au bien-être de ses concitoyens lavallois lui apparait comme une évidence. Surtout sous la gouverne d’hommes aux idées progressistes comme Jean Allaire, Mario Dumont, puis François Legault, qu’il perçoit comme un leader inspirant, capable d’accroître pour sa nation une autonomie encore plus forte.

Christopher Skeete trace ainsi son chemin dans la sphère politique depuis plus de vingt ans dans la région de Lava, où il souhaite représenter les électeurs lavallois. Laval, c’est sa ville natale, celle gravée sur son cœur.

Élu dans Sainte-Rose en 2018, il devient l’adjoint parlementaire du premier ministre pour les relations avec les Québécois d’expression anglais et également l’adjoint parlementaire du ministre responsable de la lutte contre le racisme. De beau défis à relever pour celui dont la couleur de peau soulevait jadis les sarcasmes de ses camarades de classe.

La force de l’amour
Malgré les difficultés, il y avait de l’amour, affirme Christopher Skeete. « J’ai eu plusieurs occasions de m’égarer dans la vie. Ce qui m’a sauvé, c’est de vouloir aspirer à plus et ces modèles masculins qui étaient toujours présents au bon moment pour moi », soutient-il, faisant référence à son frère qu’il admirait tant, au père de sa femme qu’il fréquentait déjà à 15 ans, ainsi qu’à son père, « un homme gentil et affectueux que j’ai appris à aimer avec le temps ».

Aujourd’hui qu’il est lui-même père de deux enfants, une fille de 13 ans et un fils de 9 ans. Il les entoure d’affection, conscient que l’amour constitue une force vitale permettant d’affronter toutes les tempêtes. Ses enfants, sa femme, son frère et sa famille, qui habitent à proximité, c’est son trésor.

« La famille, c’est le premier lieu de fidélité, de dernier recours, où l’on trouve la vérité, où l’on peut se ressourcer.  Je dis toujours à mes enfants : « ici, en famille, on peut tout se dire », souligne-t-il.

Personne ne semble souffrir de ses activités politiques, déjà bien amorcées lorsque ses enfants sont nés. Ceux-ci l’ont d’ailleurs souvent accompagné lors d’activités régionales. Et ils savaient que leur père s’absentait pour des raisons importantes. « Il faut que j’aille aider M. Legault », leur disait-il.

Malgré ses fonctions qui le gardent à Québec une partie de la semaine, il se réserve des moments pour suivre dans leurs activités ses enfants, qu’il souhaite ardemment voir grandir.

Ce dont il est le plus fier aujourd’hui ? Voir ses enfants s’investir avec persévérance malgré les obstacles. D’avoir donné lui-même l’exemple qu’en persistant tant et aussi longtemps que l’on n’est pas parvenu à l’objectif final mène forcément au succès tôt ou tard. La satisfaction d’avoir ancré en eux de solides bases pour leur avenir.