Depuis sa tendre enfance, Mario Blais développe un grand intérêt pour les animaux en général. Le chasseur-trappeur de Trois-Rivières se souvient d’avoir passé de belles années à apprendre à connaître les animaux sauvages, leurs habitudes, ainsi que leur crainte de l’homme. Il capture ou tue ses proies en toute légalité et avec toute la prudence d’un chasseur avisé.

La légende de Jimmy
Par un beau matin de trappe, Mario croisa le regard d’un louveteau qui n’avait pas été sevré et dont la mère avait été tuée. C’est à cet instant précis que sa passion pour la chasse se transforma en amour inconditionnel pour tous les animaux. Ne sachant trop que faire du jeune loup orphelin, Mario le ramena chez lui afin de le faire boire au biberon.  C’est ce qu’il fit, jour et nuit, pendant deux semaines, jusqu’à ce que le frêle canidé puisse boire et manger par lui-même. Puisque son neveu était venu au monde quelque temps avant cette rencontre, Mario nomma le loup Jimmy comme le nouveau-né de sa sœur.

Mario Blais raconte avoir vécu la plus belle expérience de sa vie avec un animal sauvage à ce moment-là. « Avec ce loup, il y avait une connexion que je n’avais jamais vécue avec d’autres animaux. Comme si j’étais son père, le chef de la meute. Tous les jours, je l’emmenais en forêt afin qu’il puisse se dégourdir les pattes. C’était si beau de le voir courir et jouer librement. Lors de l’une de ces promenades, par une belle journée ensoleillée, je me suis assoupi sur le sol de la forêt alors que Jimmy découvrait les alentours. À mon réveil, une heure plus tard et à ma grande surprise, Jimmy était couché sur moi. C’est à ce moment que j’ai réalisé qu’on formait réellement une meute. »

Puisque la loi ne permet pas aux citoyens de garder des animaux sauvages en captivité, Mario dut prendre des mesures pour transférer le jeune membre de sa meute dans un zoo.

Changement de cap
La tristesse et le désarroi lus dans les yeux du jeune loup orphelin allaient changer sa manière de penser à tout jamais. Dorénavant, Mario Blais va consacrer tout son temps à offrir une deuxième chance aux animaux sauvages en zones urbaines ou éloignées lorsqu’ils sont blessés ou orphelin de chasse. Il crée alors Harmonie Nature. Si l’objectif de cet homme de cœur est de fonder son propre refuge afin de soigner et réhabiliter des animaux sauvages, sa mission immédiate est claire : sauver le plus d’animaux possible.

« Je n’ai pas d’avantages économiques là-dedans… Je le fais pour l’amour des animaux. » 

Un trappeur de cœur
Dans les années qui suivirent, le Trifluvien utilise ses connaissances dans son domaine aux services de citoyens qui désirent éloigner des animaux qu’ils jugent nuisibles. Bien que les villes soient habituellement considérées comme des milieux inhospitaliers pour la faune, plusieurs petits mammifères ont élu domicile dans les habitats construits par l’Homme. Si personne n’est surpris d’apprendre qu’on peut y trouver des écureuils, des souris et des rats, on s’étonne souvent d’y rencontrer des ratons laveurs, des moufettes, des marmottes, des chevreuils, des renards, des coyotes, des ours noirs, des lynx, des martres et des chauves-souris.

« L’humain s’est établi dans des milieux prisés par la faune sauvage », souligne Mario Blais. « Il ne faut pas être surpris qu’à la fin de l’été, lorsque la nourriture se fait plus rare en montagne, les animaux sauvages viennent dans les milieux urbains pour se nourrir. Nos villes et nos villages sont loin d’être inhospitaliers pour les plus petits représentants de la faune québécoise à qui nous fournissons souvent aliments, abris et sécurité. »

Dans un monde idéal, l’idée première serait de cohabiter en harmonie avec ces animaux urbains. Cela dit, certaines espèces peuvent être porteuses de maladies transmissibles à l’humain telles que la rage. C’est à l’évidence, une excellente raison de ne pas les toucher ou de les relocaliser.

« La tolérance demeure la meilleure solution si des dommages causés par la faune sauvage sont minimes. De plus, l’animal importun peut être que de passage. À moins que vous contribuiez vous-mêmes à sa présence. »

Le site internet du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs souligne que les poubelles et les déchets ménagers offrent aux animaux un garde-manger bien rempli, et ce, tout au long de l’année. Les aliments destinés à des chiens ou à des chats que vous placez à l’extérieur de la maison représentent une source de nourriture très alléchante pour la faune urbaine, que ce soit le raton laveur, la moufette ou même l’écureuil. Si votre animal domestique ou encore les chats errants du voisinage s’en régalent, c’est sans aucun doute ce que feront également les espèces de la faune urbaine. Vous ne saurez jamais vraiment qui a vidé le bol au petit matin. Les dessous des perrons, des cabanons et des garages offrent des abris convenables pour donner naissance aux petits et pour y passer l’hiver, d’autant plus que les grands prédateurs naturels des petits mammifères sont absents des grandes villes. Les entretoits et les greniers sont aussi des refuges intéressants et certains animaux peuvent être tentés d’y ronger, entre autres, les fils électriques.

L’homme qui a vu l’Homme
Étant lui-même ancien chasseur, Mario Blais connaît très bien l’ours noir et la chasse dont il est la cible deux fois par année. Il est illégal, dans tous les cas, de chasser une maman ourse accompagnée d’un ou plusieurs oursons. Les contrevenants risquent une amende salée et pourraient être condamnés à une peine d'emprisonnement. Cela dit, lorsque les oursons sont toujours petits et vulnérables, l’ourse les laisse dans sa tanière le temps d’aller chercher de la nourriture. L’absence de ceux-ci confond les chasseurs. On dit même que les tireurs les plus prudents et attentifs ont de la difficulté à déterminer si c’est une femelle qu’ils ont dans leur mire.

L’éducation n’est-elle pas toujours la meilleure solution? La mise en œuvre d’une formation obligatoire sur la chasse à l’ours s’avère plus que nécessaire. Celle-ci permettrait aux chasseurs d’approfondir leurs connaissances ainsi qu’à utiliser des outils appropriés pour distinguer les ourses femelles des ours mâles. On dénombre également un nombre élevé de mamans ourses frappées par des véhicules le long des chemins qui sillonnent leur territoire. Heureusement, chaque année, des oursons orphelins regagnent leur liberté non sans beaucoup d’amour, de soins et de temps de la part de Mario et son réseau.

La meute humaine
Lorsqu’un animal sauvage en danger est signalé par un refuge, une municipalité, un commerce ou un citoyen, Mario saute dans sa camionnette afin de se porter au secours des petites et grosses bêtes de notre belle faune. L’article 67 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune stipule qu’une personne ne peut tuer ou capturer un animal qui endommage ses biens s'il lui est possible de simplement l'empêcher de nuire en le privant de son terrier et de ses sources de nourriture.  C’est alors que Mario entre en scène pour rescaper les oubliés.

Au lieu de capturer de façon cruelle un animal ou de relocaliser un orphelin dont les chances de survie sont inexistantes sans nourrisse, on fait appel à M. Blais qui connaît très bien les particularités de chaque espèce. Il jouit également d’un réseau de refuges, de bénévoles et de zoo qui ont chacun leurs spécialités dans le sauvetage et la réhabilitation d’animaux sauvages. À l’image du territoire qu’il couvre, ses partenaires sont nombreux et dispersés aux quatre coins du Québec.

« Lorsque je vois l’attention et à l’amour porter à chacun des animaux recueillis par Jacques et Rachel du centre-refuge Nymous, à Sainte-Béatrix, je trouve ça tellement beau que ça me fait pleurer.  Je me dis aussi que la mission est accomplie lorsque je revois des bêtes qui ont survécu grâce à notre intervention. »

Harmonie Nature travaille également avec le concours d’organismes tels que les SPCA, Le Nichoir, la Clinique des oiseaux de proie, le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et bien d’autres.

Vers son petit refuge
Voyant la demande d’espace pour des animaux sauvages en danger s’accroître, Mario Blais caresse le rêve de bâtir son propre petit refuge. Comme la plupart de ses partenaires, il compte sur les dons du public ainsi que sur les revenus relatifs aux interventions qu’il mène à travers la province pour voir le refuge Harmonie Nature se réaliser. Grâce à son réseau et avec l’intérêt, la passion et la détermination de dizaines de bénévoles, il croit en sa mission et a bon espoir de voir son projet se réaliser.

Pour plus d’information ou pour contribuer à la cause des animaux, visitez la page Facebook d’Harmonie Nature et le site internet centre-refuge-nymous.com.