Oser recruter un immigrant qualifié ? Être un nouvel arrivant et avoir une première expérience dans son domaine ? C’est ce que propose Interconnexion Laval. Un pari gagnant-gagnant.
Depuis 2019, Interconnexion Laval met gratuitement en relation les immigrants qualifiés arrivés au Canada depuis moins de cinq ans et les entreprises, en proposant jumelages et séances d’accompagnement. Rappelons que Laval est une ville multiculturelle, qui compte 30 % d’immigrants, une population particulièrement touchée par le chômage : le taux de chômage chez les personnes immigrantes récentes est de 17,7 %, comparé à 6,3 % chez les personnes non immigrantes1.Près de 300 entreprises sont actuellement inscrites au programme, dans des secteurs d’activité aussi divers que la construction, l’industrie manufacturière ou les services. Depuis mi-août, Martine Lafrance, directrice Main-d’œuvre et diversité de la CCIL, a noté une reprise du côté des recruteurs. « Après le déconfinement relatif, 95 % des personnes qui avaient perdu leur emploi l’ont récupéré auprès du même employeur », se félicite-t-elle. Mais, depuis le début de la deuxième vague, « on constate une difficulté à se projeter dans l’avenir, et les gens qui quittent ne sont pas forcément remplacés », tempère Jocelyne Chartrand, conseillère d’Interconnexion Laval en lien avec les entreprises.Lever la crainte professionnelleChose certaine, l’incertitude actuelle ne facilite pas la prise de risques. « C’est sûr que, à compétences égales, il y a une crainte professionnelle de l’inconnu », explique Mohammed Cheramti, conseiller aux candidats pour Interconnexion Laval. « Le programme permet de donner confiance aux candidats et de rassurer les employeurs, de les aider à faire le premier pas. » De son côté, Martine Lafrance remarque que les employeurs sont surpris de la qualité des candidatures, ce qui les déstabilise parfois. « L’idée, c’est de s’assurer que la relation d’emploi soit durable, dans l’intérêt de l’entreprise et de l’immigrant », insiste-t-elle. Julie Marquis, associée chez SFL Gestion de patrimoine Nord-Ouest, a récemment recruté via Interconnexion Laval. « C’est comme avoir un département RH sans l’avoir », s’exclame-t-elle, enthousiaste. Sa nouvelle réceptionniste est originaire de Tunisie et arrivée au Canada l’année dernière. L’aurait-elle embauchée sans le programme ? « Non, sans doute pas, car son profil n’était pas apparu sur les sites où j’avais posté mon annonce », répond-elle sans détour.Trouver les candidats
« Le plus complexe, c’est d’aller chercher des candidats. Comme il y a moins de nouveaux arrivants, il faut rejoindre les gens déjà sur place dans leur communauté », indique Martine Lafrance. Comment s’y prendre ? Le plan de communication prévoit des campagnes d’affichage dans les transports en commun, des publicités sur les radios communautaires, et une présence ciblée sur les réseaux sociaux. Interconnexion Laval participe également à tous les salons de l’emploi virtuels et met en place des partenariats avec les collèges de francisation. Sur le terrain, son équipe multisectorielle et multiculturelle fait un important travail pour rencontrer les communautés dans les commerces, les centres communautaires ou les lieux de culte. Bien sûr, tout cela est actuellement ralenti par la pandémie. Mais il reste le levier le plus efficace, le bouche-à-oreille. Syrine Meziane, ancienne hôtesse de l’air diplômée en tourisme en Tunisie, est la nouvelle préposée à l’administration de SFL Gestion de patrimoine Nord-Ouest. Adel Smina, ex-journaliste en Algérie, est maintenant adjointe administrative dans un centre communautaire. Toutes deux recommandent chaudement Interconnexion Laval. Connaissez-vous quelqu’un que le programme pourrait aider ?1. Portrait statistique de la population immigrante de la région de Laval, octobre 2019.