À Laval, comme dans plusieurs autres villes, on voit de moins en moins de maisons unifamiliales se construire, et de plus en plus d’édifices à logements sortir de terre. Mais pourquoi construire des tours à logements plutôt que des maisons unifamiliales ?

La raison n’est pas que ce soit plus profitable pour les entrepreneurs, mais plutôt que les villes souhaitent densifier leur territoire. Et il y a plusieurs bonnes raisons de vouloir le faire, que ce soit pour protéger les milieux naturels et agricoles restants ; que ce soit pour favoriser le développement du transport en commun ; que ce soit pour maintenir une taxation basse en partageant les frais de nos services publics à un plus grand nombre de contribuables ; ou pour favoriser l’émergence et le maintien des commerces locaux qui bénéficient alors d’un plus grand bassin de clientèle. En effet, si la population ne cesse de croître, la quantité de terrains à construire n’augmente pas. Il faut donc en faire le meilleur usage possible, et en ce sens, la densification des villes s’impose comme une solution importante à plusieurs problèmes.

La densification urbaine : pour la protection de nos milieux naturels et agricoles
Pourquoi la densification urbaine du territoire lavallois est-elle un concept clé pour les futurs développements à Laval ? La réponse est directement reliée à la protection de l’environnement et des espaces verts : le fait de densifier notre territoire permet de lutter contre l’étalement urbain, limitant ainsi la destruction de milieux naturels et de terres agricoles pour y accueillir de nouveaux quartiers.

Le phénomène de l’étalement urbain nécessite de développer de nouveaux territoires et de construire de nouvelles infrastructures telles que des routes, des services publics et des quartiers entiers, afin d’accueillir les nouveaux citoyens qui choisissent de faire de la troisième plus grande ville du Québec leur maison. Ces nouveaux quartiers, qui se développent afin de répondre aux besoins croissants de la population, apportent parallèlement des conséquences néfastes sur notre environnement et ainsi sur notre qualité de vie, en tant que citoyens.

On parle entre autres de l’ajout de nombreux véhicules sur les routes pour accéder à des services et des commerces, augmentant la congestion routière de façon importante et, par le fait même, la pollution de l’air reliée au trafic. On parle aussi de minéralisation des sols et d’une inévitable diminution de la canopée. Les communautés deviennent plus susceptibles d’être affectées par les impacts des changements climatiques, notamment par la hausse des inondations récurrentes, par l’étalement des îlots de chaleurs et par une baisse de la température la nuit.

La densification urbaine :  la voie vers l’accessibilité
La densification des territoires se présente alors comme inévitable pour à la fois favoriser l’accessibilité des services et promouvoir la mobilité durable. Une ville développée de façon plus dense amène forcément les citoyens à se déplacer sur de plus courtes distances étant donné la proximité des commerces et services, rendant les temps de déplacement plus courts, que ce soit en voiture, en transport en commun, en vélo ou à pied. Par conséquent, plus un territoire est densément utilisé, plus il est justifié d’y investir davantage dans les transports en commun, ce qui rend les déplacements plus efficients et engendre moins de gaz à effet de serre, sans parler des bienfaits du transport actif sur la santé physique des citoyens.

La densification permet aussi de rendre les services plus accessibles à la population. Les tendances démographiques sont d’importants facteurs à considérer quand vient le temps de planifier les investissements publics dans les services (écoles, garderies, services de santé, logements sociaux et abordables, établissements communautaires, institutions de sécurité publique, places publiques, etc.). D’un autre côté, la densification s’accompagne d’investissements de la part du secteur privé et associatif, permettant aussi l’augmentation de l’offre de services à la population. On parle de boutiques et magasins, d’hôtels et centres de congrès, de restaurants et de bars, mais aussi d’offre culturelle et de loisirs, de services d’organismes communautaires ainsi que de pôles d’emploi à forte valeur ajoutée et d’installation d’institutions d’enseignement supérieur. C’est donc la vie publique des citoyens qui y voit une valeur ajoutée.

La densification urbaine :  une logique économique
La densification des milieux urbains a donc des caractéristiques tout indiquées vers une hausse de la qualité de vie des citoyen(ne)s. Mais il ne s’agit pas seulement d’un choix de planification territoriale. Il y a aussi une logique économique qui favorise la densification.

Dans les grands centres urbains, où la population est croissante, les terrains prennent constamment de la valeur. Il est donc préférable pour un promoteur de construire dix logements plutôt qu’un seul sur un terrain, car cela permet de partager le coût de ce dernier entre plusieurs unités. Ainsi, pour avoir des ensembles résidentiels rentables et avec des prix accessibles aux citoyens, les promoteurs immobiliers doivent construire plus de logements sur un même territoire. Il y a donc une pression vers la densification qui rend cette avenue inévitable pour l’avenir. C’est donc non seulement une direction désirée par les acteurs publics, mais c’est aussi une avenue qui se présente naturellement aux investisseurs.

Bref, la densification urbaine se présente comme un concept qui sera au cœur du développement urbain de Laval, une ville qui se place à l’avant de l’innovation en urbanisme. Le débat qui se pose n’est donc plus de savoir si nous devons densifier ou non notre territoire, mais plutôt de savoir comment bien le faire. Il est important que les nouvelles constructions puissent s’harmoniser avec les immeubles existants.  Elles doivent aussi être esthétiques et fonctionnelles afin d’offrir un milieu de vie agréable et qu’elles permettent l’accès à des logements abordables. Bref, nous voulons une ville dense, mais il ne faut pas que cela se traduise en tours stériles au milieu d’une mer de stationnements.