À 20 minutes des faubourgs de la consommation et des centres commerciaux de Laval, se trouve une zone agricole et des champs à perte de vue. Sur l’avenue des Perron, les gens achètent des pommes, agneaux, fraises, framboises directement chez le producteur.

L’été, Agathe Vaillancourt, la grand-mère de Vyckie, accueille les gens avec son sourire et sa bonne humeur. « Ça va bien ? », lance-t-elle à chacun des clients.

Sa petite-fille évoque l’importance de se procurer des denrées locales. « À la saison des fraises, peut-on, s’il vous plaît, acheter les fruits du Québec plutôt que ceux de la Californie qui ont parcouru des milliers de kilomètres avant d’arriver ici », martèle la jeune productrice d’O’Citrus qui est aussi en processus de relève pour la reprise de l’entreprise maraîchère familiale, la Ferme d’Auteuil à Laval.

Sur le site Web des Samedis à la ferme, on peut lire une donnée qui fait réfléchir. Les aliments voyagent en moyenne 2 500 kilomètres avant d'être disponibles en épicerie. Cela équivaut à la distance aller-retour de Laval à Halifax !

« Quand les gens viennent chercher les fruits et légumes cueillis le matin même à la ferme, ils développent aussi une relation de proximité avec le producteur », ajoute-t-elle.

Retombées
En privilégiant les produits locaux, le consommateur encourage des familles comme celle des Vaillancourt, Beaulieu (élevage d’agneaux) ou Gibouleau (production de pommes).

Si 16 000 familles de Lavallois investissaient 25 $ par mois (soit 83 cents par jour, moins que le prix d’un café), cela générerait 4,8 M$ dans l’économie locale.

Engouement pour le bio
Plusieurs foodies optent pour l’achat de produits biologiques. « Certains commerçants achètent des légumes bios en provenance du Mexique. Ici, au Québec, c’est très compliqué pour un producteur d’obtenir cette fameuse certification. »

Vyckie y voit une certaine incongruité. Des tomates bios du Mexique voyagent l’équivalent de 5 000 kilomètres avant d’arriver dans nos assiettes. Elle-même et d’autres producteurs cultivent des tomates de façon écologique en évitant le plus possible le recours aux engrais ou produits chimiques. « Je n’ai jamais mis de pesticide dans mes tomates de serre », commente-t-elle.

Question de mentalité
Au Québec, des chefs réputés comme Normand Laprise mettent en valeur les produits du terroir. Ce dernier indique sur sa carte de menu la provenance des légumes ou du fromage. Ce phénomène est très répandu en Europe.

Récemment, la dirigeante d’O’Citrus s’est entretenue avec un restaurateur qui importe ses citrons du Japon. « Cela ne te dérange pas de faire parcourir 10 000 kilomètres à tes citrons alors que je pourrais t’en fournir », lui dit-elle.

Évidemment, en raison des cycles de production, l’entreprise lavalloise ne peut fournir des agrumes durant toute l’année. « Il faut que le chef et son acheteur soient ouverts à la possibilité de ne pas en trouver à certaines périodes. »

Imaginons si la majorité des restaurateurs québécois développaient cette fierté de présenter sur leur menu des produits du terroir innovants comme ces agrumes d’origine asiatique cultivés en serre à Laval. Des compagnies comme O’Citrus pourraient rimer avec expansion et création d’emplois.