Parler du deuil c’est aussi parler de la vie, car il y a mille façons de traverser ce long chemin. On a longtemps pensé que le deuil était un processus d’oubli, moi je préfère dire qu’il doit servir à transformer le lien extérieur qui nous unissait à cet être cher en le faisant vivre à l’intérieur de nous. Mon histoire est unique. Le 9 mai 2017, mon père, Gilbert Guibbaud, a reçu l’aide médicale à mourir. La loi venait à peine de faire son entrée au Québec. Je ne connaissais que peu de choses sur le sujet. Malgré moi, j’ai dû plonger vers l’inconnu pour l’accompagner dans ces derniers moments. Nous avons appris le matin même de sa mort, que quelques heures plus tard, il allait recevoir le soin et qu’il allait enfin être libéré de ses souffrances.

Assister au départ de quelqu’un qu’on aime est tout un privilège, surtout quand le tout se déroule dans des conditions plus que parfaites. Nous étions là pour lui tenir la main, pour le supporter dans ce choix et ce, malgré toute la peine que cela nous affligeait. Ce fut, pour ma famille et moi-même, la plus belle et la plus intense des journées. Voir la vie et la mort se croiser avec autant de douceur, de lumière et d’espoir fait tomber bien des peurs. Mon père allait quitter ce monde avec le sentiment d’avoir eu le dernier mot sur sa vie et cela le rendait très fier. Il est décédé à 14h59.

Dans les mois qui ont suivi son départ, j’ai ressenti un grand besoin de partir à sa rencontre, de le garder vivant à ma manière. L’écriture m’a beaucoup aidée. Un matin, je me suis réveillée avec la conviction qu’il fallait que je raconte notre histoire. Mon incursion dans l’univers de l’aide médicale à mourir devait servir à d’autres. Nous sommes privilégiés de pouvoir permettre à des Québécois de mourir dans la dignité. Mon père fait parti de ceux-ci et je serai éternellement reconnaissante d’avoir pu le voir partir ainsi. Le vide qu’il a laissé en moi, je m’efforce jour après jour, de le remplir avec tout ce que la vie m’offre de plus beau.

Pour mieux comprendre notre histoire, je vous invite à lire mon récit, celui que je raconte avec tout mon cœur, 14h59. Disponible aux Éditions Libre Expression.