Le 19 octobre dernier, Maïa lançait son deuxième album
solo, Plus que vive, dont toutes les
chansons sont en français. Son premier album solo bilingue, Héritage, sortait en 2012. Si le nouvel album de l’auteure-compositrice-interprète est en
français, la majorité de sa carrière a eu lieu dans la langue de Shakespeare.
« Le monde du pop-rock est beaucoup en anglais, alors c’est
ça que j’ai pratiqué, mais il y avait ce côté-là de moi qui voulait refaire
surface. J’avais besoin d’exprimer des moments difficiles, et ce côté-là, je
l’exprimais bien en français. La majorité des gens autour de moi était
anglophone, donc ça me donnait une bulle dans laquelle je pouvais me sentir à
l’aise », explique-t-elle au téléphone.
Son nouveau disque,
Plus
que vive, a pour thématique l’amour, un sujet qui s’est imposé de lui-même.
« Il y avait des choses en moi que je voulais exprimer, surtout des peines
d’amour. Ma carrière allait super bien, mais ma relation ne marchait pas. Je
n’étais pas avec la bonne personne, » dit-elle.
Lors de l’écriture de son album, Maïa habitait en partie à
Toronto, où elle travaillait dans l’industrie de la musique. Depuis juillet
2018, Maïa est revenue à Montréal pour y rester, mais prend encore quelques
contrats à Los Angeles ou à Toronto. Son retour dans la métropole a coïncidé
avec un renouveau créatif. « J’ai recommencé à écrire avec la communauté
francophone et je vais à des événements », note-t-elle, ajoutant qu’elle aime
beaucoup la communauté musicale à Montréal.
Elle affectionne la musique québécoise contemporaine comme
Karkwa, Safia Nolin et Philippe Brach, sans oublier son grand préféré, Daniel
Bélanger. La musicienne avoue être influencée par la
pop électro allant d’artistes contemporaines comme Tove Lo et Robyn aux
chanteuses des années 1980 comme Annie Lennox et Kate Bush. D’ailleurs, à ceux qui n’auraient pas entendu
Plus que Vive, Maïa le décrit comme « si
Annie Lennox faisait un disque francophone en 2018. »
Celle qui est née Maïa Davies a grandi dans une famille
bilingue. L’auteure-compositrice-interprète a appris la musique presque en même
temps qu’elle a appris à parler. À l’âge de quatre ans, elle a commencé à
prendre des cours de piano et un an plus tard, ses parents l’ont inscrit à la
chorale. Selon elle, ça a été sa porte d’entrée dans le monde de la musique. « Ça
me donnait une place pour explorer tous les coins de mon imaginaire, »
explique-t-elle.
À l’adolescence, Maïa a étudié à l’École secondaire Saint-Luc
où elle a participé à un programme de comédie musicale en parascolaire. En
parallèle, elle suivait des cours de chant classique et de théorie de la
musique à l’UQAM et à l’École de musique Vincent-d’Indy. Une fois le secondaire
terminé, elle a étudié en chant classique au Cégep Vanier, mais a quitté le
programme avant d’obtenir son diplôme.
« Il me manquait peut-être six crédits, mais je me suis dit
que j’avais appris ce que j’avais à apprendre. Je voulais être
auteure-compositrice-interprète, donc j’ai commencé à écrire beaucoup de
chansons, » explique-t-elle.
Pendant cette période, Maïa fait quelques chansons en solo
et rencontre ses futures collègues du groupe Ladies of the Canyon :
Jasmine Bleile à la guitare et à la voix, Anna Ruddick à la basse, Tara Martin
à la batterie et Senja Sargeant à la voix avec Maïa. Le groupe de musique folk,
rock et country est fondé en 2005 et lance les albums
Haunted Woman en 2010 et
Diamond
Heart en 2013. Les membres du groupe sont des chanteuses et des
auteures-compositrices-interprètes avec différentes formations musicales. Les
musiciennes se retrouvent dans des lieux communs comme la musique folk de Joni
Mitchell et la musique rock de groupes comme The Eagles ou Fleetwood Mac.
Après deux albums, Ladies of the Canyon rencontre plusieurs
réalisateurs canadiens dont Gavin Brown, un compositeur, musicien et producteur
de disques basé à Toronto, pour travailler sur de nouvelles chansons. Pendant
cette exploration musicale, les musiciennes se rendent compte qu’elles n’ont
plus assez de points en commun au niveau musical et décident de se séparer.
Mais pour Maïa, la rencontre avec Gavin Brown s’avère être un coup de foudre
musical. « C’est lui qui m’a aidé à trouver ce que je voulais faire pour mon
deuxième album solo » note-t-elle.
Suite à la dissolution du groupe,
l’auteure-compositrice-interprète n’est pas prête à faire de la musique en solo
et a besoin de se changer les idées. Gavin Brown lui offre alors de travailler
avec lui et d’écrire des chansons pour d’autres artistes. Pendant trois ans, la
chanteuse fait l’aller-retour entre Montréal et Toronto, où elle travaille avec
le producteur de disques. Celui-ci est engagé par des compagnies de disques
pour choisir et améliorer les chansons des artistes. Ceux-ci arrivent avec
plusieurs chansons et doivent en choisir environ une douzaine pour l’album. « S’ils
sont sur une étiquette majeure, c’est qu’ils manquent souvent de singles pour
la radio, ou la chanson, quand c’est un nouveau groupe, qui va le faire
connaître. Il faut que les paroles parlent d’émotions que tout le monde
ressent, » explique-t-elle.
Avant de travailler sur les chansons avec les artistes,
Maïa leur demande d’exprimer clairement ce qu’ils veulent dire dans leur
musique et quels messages ils veulent passer dans leurs chansons. « Il faut
faire de la musique non seulement pour soi, mais pour la donner à ses
spectateurs, » dit-elle. Pendant ses années à Toronto, Maïa écrit plus de 200
chansons par année.
Lorsqu’elle a commencé à travailler sur Plus que vive,
le thème de l’amour lui est venu naturellement. « Quand on a décidé qu’on
allait le faire en français, j’ai eu le goût de faire une œuvre qui avait un
thème. J’avais vécu cette histoire d’amour tumultueuse, et je suis aussi une
personne qui aime beaucoup, qui aime fort, et j’aime ça aimer, » dit-elle. « C’est
vraiment une œuvre où les chansons sont à propos d’histoires modernes de cœurs
brisés, de chagrins d’amour et je pense que c’est le genre de peine que
beaucoup de personnes vivent. »
Maïa a appelé son album
Plus
que vive parce que c’est un titre qui donne dans l’abondance et dans la
diversité. « Mon album correspond à mon style. C’est une décision consciente de
montrer qui je suis en tout temps, et ce n’est pas toujours pareil, » dit-elle.
La première chanson que Maïa a écrite pour l’album est
Ici dans les nuages, à propos d’une relation
d’amis. Ceci dit, plusieurs chansons sont à propos de sa propre vie amoureuse,
puisque sa relation battait de l’aile au moment d’écrire l’album. « Dans le
fond, j’ai fait un album de rupture pour aider les autres à guérir, mais à ma
grande surprise, j’ai fait un album pour me guérir. On dirait qu’avec chaque
mot, je laissais un petit morceau de peine et je redevenais moi-même. »
Maïa a beau être la tête d’affiche de son projet solo, elle
tient à dire qu’elle travaille avec toute une équipe. « Je ne fais pas de
musique pour la faire seule, même si c’est moi le visage sur Instagram et qui
fait les entrevues. Ça a pris beaucoup de personnes qui ont donné leur temps,
leur cœur, et ça devient un peu ma famille, » dit-elle.
En studio, elle a travaillé avec Kevin Hearn, qui a joué
des claviers sur l’album. Hearn est connu pour être le claviériste du groupe
Barenaked Ladies. En outre, il a été le directeur artistique et musical de Lou
Reed pendant plusieurs années. « C’est un de mes musiciens préférés, il a joué
plusieurs instruments, et il a toute son équipe à Toronto avec ses ingénieurs
de son, ses assistants-ingénieurs, et plus encore », explique Maïa.
Depuis son retour à Montréal, Maïa collabore avec des
musiciens locaux, dont Vincent Carré, qui joue avec Alex Nevsky, ainsi que le
guitariste Patrick Krief, qui faisait partie du groupe The Dears et qui est un
ami de longue date de la chanteuse. En spectacle, elle est accompagnée de choristes
en rotation, tout dépendamment de leurs disponibilités. Elle a aussi une équipe
basée à Montréal avec Warner Music Canada, dont sa relationniste Hélène Morin.
Elle a un agent, Louis Carrière chez Preste, et un gérant, Dan Hand.
Ces temps-ci, Maïa écrit des chansons ou fait de la
réalisation pour d’autres artistes, mais elle en fait moins qu’avant pour se
concentrer sur son projet solo. Au moment d’écrire ces lignes, Maïa travaillait
avec Drms, un réalisateur, DJ, et producteur québécois sur une collaboration et
sur des chansons pour d’autres artistes. « Dans le fond, je n’ai pas arrêté
depuis que je suis revenue ici ! (Rires) Je devais prendre une pause, mais ça
n’a pas marché, parce qu’il y a plein de trucs intéressants à faire, »
dit-elle.
Dans les prochains mois, Maïa fera des premières parties de
spectacle sous forme de chansons solos acoustiques avec piano. « C’est mon
moment pour raconter des histoires sur scène, je fais comme si tout le monde
était dans mon salon, » dit-elle.
Pour ceux qui voudraient voir le talent de Maïa en direct,
suivez-la sur ses médias sociaux @maiamusique.