Selon une étude de l’Institut du Québec publiée ce printemps, 64 % des jeunes Québécois fréquentant une école publique obtiennent leur diplôme d’études secondaires en cinq ans, des résultats qui rappellent l’importance de se pencher sur la problématique du décrochage scolaire.

On peut définir un décrocheur comme étant un jeune qui n’est pas inscrit dans le système scolaire du Québec et qui n’a pas de DES, attestation ou qualification reconnue. Pourquoi un adolescent décide-t-il de quitter les bancs d’école ? Si certaines explications relèvent du milieu scolaire, certaines réponses se trouvent en dehors des salles de classe.

Il faut savoir que le décrochage scolaire est multifactoriel, comme l’explique Pierre Potvin, psychoéducateur et professeur associé au Département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il ne s’agit pas d’un simple manque d’intérêt pour les mathématiques ou le français. Si l’échec scolaire est souvent l’élément déclencheur, il cache généralement une accumulation d’expériences scolaires négatives : « Ce qui est habituellement la cause la plus grande, c’est le cumul tout au long de la vie du jeune d’échecs scolaires, de frustrations, de redoublements. Si on intervient tôt, on peut arrêter ce risque de cumul et d’aboutissement à l’échec plus tard », explique M. Potvin.

 Marc-André Tanguay, porte-parole de l’organisme Allo Prof, souligne également la précarité économique comme facteur important de décrochage. Une situation financière précaire dans une famille peut en effet amener des difficultés qui font que l’école passe au second plan. Ajoutons aussi les facteurs plus personnels qui peuvent encourager un jeune à décrocher. Tous les jeunes ne réagissent pas de la même façon à un événement stressant comme un deuil ou une séparation.

L’étude de l’Institut du Québec soulignait également l’écart entre les taux d’obtention du DES chez les garçons et chez les filles. Si les données montrent que les filles décrochent moins souvent que leurs collègues masculins, il est toutefois plus difficile de déceler les signes de décrochage chez les adolescentes : « Ce qui revient souvent [dans les études], ce sont des choses “invisibles” : un sentiment de rejet, un manque d’enthousiasme, donc un état ressenti, intérieur. Ça a l’air cliché, mais on remarque qu’effectivement, c’est plus présent chez les filles ». Chez les garçons, on souligne davantage la présence de comportements extériorisés, donc plus faciles à identifier, par exemple les échecs scolaires, le refus de l’autorité ou se montrer turbulents en classe.

Parce que la prévention joue un rôle-clé dans la problématique du décrochage scolaire, M. Potvin et M. Tanguay encouragent les parents à rester à l’affût des difficultés et ne pas hésiter à demander un soutien particulier à l’école. Il est aussi possible de faire appel à des ressources externes telles que les cliniques d’orthopédagogie ou des organismes comme Allo Prof.

À la maison, la valorisation des études et des activités qui y sont reliées, comme la lecture, joue également un grand rôle dans la prévention. Transmettre aux enfants le plaisir d’apprendre, entretenir un bon climat familial et de saines habitudes de vie est aussi des éléments-clés pour la persévérance scolaire.