Députée des Mille-Îles depuis 2008, membre de l’Assemblée nationale du Québec, ministre responsable de la région de Laval et ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre l’intimidation, les nombreux titres de Francine Charbonneau semblent refléter les nombreux rôles qu’elle a remplis au cours de sa vie. Chaque rôle, bien que très différent l’un de l’autre, a été accompli dans l’intention de servir la population. Chaque tremplin dans sa carrière a une histoire intéressante, et à 56 ans, cette mère de trois enfants et grand-mère de trois petits-enfants gère le tout avec brio.

Le leadership dans le sang
Garçon manqué, Mme Charbonneau était très athlétique lorsqu’elle était enfant. « Je n’étais pas une très bonne élève parce que j’avais beaucoup d’énergie. J’avais la bougeotte », dit-elle. « Mais dans les sports, les entraîneurs faisaient toujours de moi la capitaine de l’équipe, probablement parce qu’ils ont vu des signes de leadership en moi, même si je ne savais pas ce que c’était à l’époque. »

Elle est née à Montréal, mais a grandi et étudié dans l’Ouest-de-l’Île. Adolescente, elle rêve de devenir hôtesse de l’air. « J’avais l’impression que je pouvais aider les gens et voyager en même temps », dit-elle. « J’aimais l’idée d’être au service des gens. » Ce rêve prend brusquement fin suite à un accident de la route, à l’âge de 16 ans, qui endommage son dos. Les chirurgiens lui déconseillent ce choix de carrière. Voulant entrer sur le marché du travail le plus rapidement possible, Francine Charbonneau se penche sur les différents programmes d’études professionnels offerts à cette époque. Le cours d’électricien suscite son intérêt. Malheureusement, elle n’est pas autorisée à postuler pour le programme parce qu’il est seulement offert aux étudiants masculins.

N’acceptant pas ce refus, elle s’interroge sur la raison pour laquelle elle n’est pas autorisée à s’inscrire. « Je me fichais d’être la seule fille de la classe. Croiriez-vous que la meilleure réponse qu’ils pouvaient me donner était que [à l’endroit où se tenaient les cours] il n’y avait pas de toilettes pour les femmes ? », raconte Mme Charbonneau. Sans aucun doute, les temps ont changé depuis, mais ce cours n’était pas une option pour elle à cette époque.

Lorsqu’elle demande au registraire quels cours sont offerts aux femmes, elle est orientée vers des études en secrétariat. Même si elle n’est pas très enchantée par cette option, elle veut à tout prix pénétrer le marché du travail, alors elle s’y inscrit. Il ne faut pas longtemps à ses professeurs pour l’encourager poliment à poursuivre un autre cours. « Ils étaient très gentils à ce sujet, mais ils devaient être honnêtes », rigole Mme Charbonneau. « Il n’y avait pas d’avenir pour moi en tant que secrétaire. » Bien intentionnés, ses professeurs lui suggèrent alors de s’inscrire à l’école de coiffure. Bravant l’inconnu, mais croyant qu’elle peut aider les gens en tant que coiffeuse, elle accepte.

C’est au tour du destin
En tant que jeune étudiante en coiffure, Francine Charbonneau commence finalement à croire qu’elle a trouvé un cheminement de carrière qui lui convienne. Elle apprécie particulièrement les conversations avec les clients. « Les gens racontent leurs histoires de vie à leur coiffeur, et j’adore ces échanges avec les clients, tout en étant une bonne auditrice », dit-elle. « En plus d’aider mes clients avec leur apparence, j’avais l’impression de les aider d’autres façons. J’aimais prendre soin des gens. » Malheureusement, après environ un an à travailler comme coiffeuse, elle commence à développer de graves allergies à de nombreux produits utilisés au salon. Elle se réoriente vers les coupes de cheveux pour enfants, car il n’y a pas de produits chimiques et de colorants utilisés. Malheureusement, les allergies et les réactions cutanées ne disparaissent pas complètement. Elle se voit dans l’obligation de quitter complètement le domaine de la coiffure. 

Toujours à l’écoute des gens, Mme Charbonneau se retrouve à la réception de l’Holiday Inn de l’Ouest-de-l’Île. Le manque d’action lui est exténuant, si bien qu’elle finit par trouver du travail dans le commerce de détail, ce qui convient parfaitement à l’ancien garçon manqué. Ses compétences en leadership refont surface, et il ne lui faut pas longtemps avant d’être promue à un poste de gestion de magasin. Elle devient directrice d’un nouveau magasin ouvert sur la Rive-Nord, sur le site de ce qu’on appelle maintenant le Carrefour Multisports. Elle reste directrice pendant plusieurs années et durant cette période elle rencontre son futur conjoint.

Un nouveau rôle
Mme Charbonneau occupe maintenant dans un tout nouveau rôle, celui de mère. Ayant eu trois enfants en moyenne à seulement 13 mois d’intervalle entre chacun, elle et son conjoint décident qu’elle restera à la maison à temps plein. Après quelques années, elle a l’occasion de se réinventer. Elle ouvre une garderie à domicile pour trouver des compagnons de jeu pour ses enfants tout en développant ses qualités entrepreneuriales. « J’ai découvert que non seulement j’appréciais prendre soin des autres enfants, mais j’ai aussi appris que je pouvais maintenir une routine solide », dit-elle. « J’ai commencé à développer mes connaissances en pédagogie et je sentais que je contribuais aussi à l’éducation des enfants. »

Fidèle à ses qualités de chef de file, Mme Charbonneau commence à organiser un café hebdomadaire avec les mères des enfants inscrits à sa garderie. « C’était un moyen pour nous de discuter de la maternité, de la vie de tous les jours, et de leur présenter chaque semaine un rapport sur les progrès de leur enfant à la garderie, ce qu’ils apprenaient, etc. » Même si elle ne le sait pas encore, c’est le début de son processus d’élaboration de politiques d’éducation. Lorsque ses enfants entrent dans le système scolaire, elle commence à s’impliquer davantage au niveau de l’école, à se joindre aux comités de parents et à soutenir l’école de ses enfants chaque fois que c’est possible. Les amitiés qu’elle crée à cette époque durent jusqu’à ce jour.

Premiers pas en politique
Suite aux encouragements de son entourage et son désir de changer les politiques d’éducation, Francine Charbonneau se présente comme commissaire de la Commission scolaire de Laval du quartier Sainte-Rose. Élue en 1998, elle occupe le poste jusqu’en 2008. C’est aussi à ce moment qu’une autre occasion lui est présentée. Lorsque la présidente de la Commission scolaire de Laval démissionne, elle postule pour le poste suite aux encouragements de son entourage. « Au début, je pensais que ce n’était pas pour moi, puisque je dirigeais toujours la garderie, mais après avoir soigneusement évalué la possibilité, j’ai décidé d’y aller », dit-elle. « J’y ai vu une occasion de soutenir davantage l’éducation de tous les enfants, pas seulement mes propres enfants. » Elle ferme la garderie et occupe le poste de présidente de la Commission scolaire de Laval jusqu’en 2008.

L’Assemblée nationale du Québec
Elle est élue députée de Mille-Îles à l’Assemblée nationale du Québec en 2008 et réélue en 2012 et 2014. Elle est également ministre de la Famille d’avril 2014 à janvier 2016 avant de devenir ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre l’intimidation la même année. Mme Charbonneau oeuvre à l’amélioration de la vie des personnes vulnérables en présentant notamment le projet de loi 115, qui vise à combattre la maltraitance des aînés et des autres adultes vulnérables. « Depuis 2008, j’ai l’honneur et le privilège de servir les intérêts des citoyens des Mille-Îles, de trouver des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés et c’est un travail dont je suis vraiment fier », dit-elle. « Quand je suis à Québec, c’est un jeu différent, mais que je sois là ou que je sois à Laval, l’objectif est de servir et d’améliorer la qualité de vie des citoyens. »

Avec ses journées remplies de devoirs provinciaux et locaux, et les soirées souvent passées à visiter les citoyens âgés de son quartier, les rôles de Francine Charbonneau en tant que ministre et sous-ministre conviennent parfaitement à son énergie débordante. Il est clair que chaque fois que la ministre a dû se réinventer pour un nouveau rôle, c’était tout simplement une préparation et une pratique pour le moment présent.

Traduit par Emmie Wesline