Avec la popularité grandissante des sports comme le crossfit et l’haltérophilie, les adolescents sont de plus en plus nombreux à pratiquer la musculation. Qu’ils aient 12 ou 17 ans, garçons et filles prennent leur place dans les salles d’entraînement. Alors que leur corps traverse la puberté, la musculation comporte-t-elle plus de risques pour nos jeunes ? Ou au contraire, peuvent-ils en tirer des bienfaits ?

Le corps d’un adolescent n’étant pas totalement développé, il est tentant de penser que tous ces exercices vont fragiliser ses os, ses muscles, et nuire à son développement. Toutefois, comme l’explique Esthel Pilon, physiothérapeute et kinésiologue, les études nous prouvent le contraire. Le stress mécanique de cette activité physique renforce le squelette : « Un enfant ou un adolescent qui fait de la musculation développera des os plus denses et donc en meilleure santé. »

Une étude publiée dans le Health and fitness journal de l’ACSM (the American College of Sport Medicine) a démontré qu’un groupe de jeunes haltérophiles présentait une densité osseuse plus élevée que l’échantillon qui ne pratiquait pas cette discipline. « Des études ont également été menées chez des joueurs de tennis. On a mesuré la densité osseuse chez des athlètes qui ont pratiqué ce sport dès l’enfance. Des décennies plus tard, le bras qu’ils ont le plus utilisé et qui a subi le plus d’impact montrait toujours une densité osseuse plus élevée que l’autre », ajoute Mme Pilon.

Le même principe s’applique aux muscles. Sans se transformer en culturistes professionnels, les adolescents qui poussent de la fonte vont conserver leur masse musculaire plus longtemps.

L’idée que la musculation nuit au développement des jeunes est aussi reliée à un autre mythe : ces exercices physiques bloquent la croissance. Après tout, les haltérophiles ne sont-ils pas petits avec une silhouette trapue ? « Si la musculation garde les adolescents petits, le basketball les rendrait donc plus grands ? », soulève avec humour Matthieu Dubreucq, entraîneur certifié de crossfit à Laval. « Ce n’est pas parce que les haltérophiles sont généralement petits que la musculation bloque la croissance. Ces athlètes de haut niveau sont souvent sélectionnés en raison de leur petite taille, car c’est un avantage dans cette discipline, comme on le fait avec les basketteurs qui sont très grands ».

Esthel Pilon ajoute qu’il y a également des cas de carences alimentaires chez les jeunes athlètes de très haut niveau, ce qui peut temporairement bloquer les hormones de croissance. Un adolescent amateur de musculation, supervisé et bien alimenté, continuera donc de grandir comme n’importe quel jeune. 

Il y a bien sûr des risques de blessure, comme dans toute activité physique, mais les dangers sont les mêmes que l’on ait 14 ou 30 ans. Généralement, les blessures sont causées par un mouvement mal exécuté. Le suivi d’un professionnel devient donc primordial : « Je recommanderais les services d’un kinésiologue », soutient Esthel Pilon. « Ce sont des professionnels très bien outillés pour évaluer l’état de santé et le niveau de forme physique. Ils vont aussi proposer un entraînement adéquat, tout en s’assurant que le jeune ne souffre pas de carences alimentaires ».

Les adolescents qui fréquentent les salles de musculation obtiennent des bienfaits sur le plan physique, mais aussi sur l’estime de soi, comme le souligne Matthieu Dubreucq qui entraîne autant les adultes que les enfants et les ados : « On voit que les jeunes améliorent leur coordination, et c’est une bonne préparation physique pour un autre sport. Ils ont plus confiance en eux pour essayer de nouvelles activités ».