L’apparition des premières technologies associées à Internet en 1995 a engendré la création d’un nouveau phénomène au sein de la société actuelle : la cyberdépendance. Ce nouveau phénomène concerne aussi bien les jeux vidéo, les nouvelles technologies d’information, la pornographie que le gambling.  

Selon Maxime Verreault, responsable de l’équipe Jeux pathologiques et cyberdépendance au Centre Casa, à St-Augustin, ce nouveau concept regroupe une multitude de problèmes individuels qui ne permettent pas de définir efficacement si nous sommes atteints ou non par ce syndrome.  

Selon M. Verreault, on parle de cyberdépendance « lorsque l’utilisation récurrente des nouvelles technologies occasionne des problèmes importants pour l’individu ». La professeure en travail social Sandra Juneau ajoute : « Il faut définir avant tout si la cyberdépendance est une nouvelle dépendance ou bien un nouveau phénomène de socialisation ». Autrement dit, avant de parler de cyberdépendance, il faudrait déterminer si les habitudes de consommation au 21e siècle, combinées à l’explosion d’Internet dans le quotidien des individus, peuvent sembler « normales ».  

La cyberdépendance sous plusieurs angles
La cyberdépendance englobe de nombreux domaines. Selon les données recueillies par Marie-Anne Sergerie, psychologue clinicienne à la Clinique Laval, ce nouveau syndrome concerne aussi bien les activités sexuelles en ligne, les cyberrelations, les jeux ainsi que la recherche d’informations.  

Les jeux regroupent aussi bien les jeux vidéo que les jeux de hasard et les transactions en ligne (la bourse, achats en ligne, etc.). Quant aux cyberrelations, elles concernent à la fois les sites de rencontre, le réseautage par le biais des médias sociaux, les courriels ainsi que le clavardage. L’individu priorise donc ses relations virtuelles plutôt que ses relations sociales et familiales dans la vie dite réelle.  

Des critères d’identification en évolution
Si au milieu des années 90, dès notre réveil, nous nous connections à notre modem Internet, cela était un signe avant-coureur d’une possible cyberdépendance. Il est important de comprendre que les critères d’identification de ce trouble ne sont plus valables aujourd’hui.  

En raison des nombreuses évolutions sociales et technologiques, les critères ont à leur tour évolué. Maxime Verreault reconnaît que la cyberdépendance est un phénomène complexe qui nécessite une étude attentive, non seulement sur l’utilisation des technologies de l’individu, mais également sur l’aspect psychologique de la maladie.  

Mathieu Poulin-Lamarre et Nicolas Saucier, respectivement étudiants en maîtrise d'anthropologie et en maîtrise de sociologie à l’Université Laval, précisent au sein d’une recherche commune que les nouvelles technologies ont une véritable influence dans la sphère sociale d’une personne : « L'individu n'ayant pas accès à internet aujourd'hui se retrouve considérablement limité dans ses actions et isolé. On peut y voir une peur très présente dans la science-fiction et même dans la culture populaire aujourd'hui, c'est-à-dire notre dépendance grandissante aux nouvelles technologies », reconnaissent les deux chercheurs.  

Prise de conscience
Même si le nombre d’heures passées sur Internet peut être considéré comme un indice dans la définition du syndrome, Maxime Verreault précise « qu’il faut aller regarder au-delà des symptômes simples ». Ces derniers correspondent aux tout premiers signes pouvant être aperçus chez un individu, comme le nombre d’heures passées sur la toile et le sentiment de manque ressenti par une personne envers la technologie. Il faut donc comprendre la problématique pour pouvoir prendre conscience de l’envers de ce phénomène, encore nouveau.  

Selon Roxane St-Pierre Rousseau, étudiante en communication publique à l’Université Laval, la cyberdépendance correspond au fait que l'on soit incapable « de ne pas aller sur Internet ; que ça devienne une partie prenante de notre vie et que l'on passe tout notre temps là-dessus. On communique juste avec ça, on ne fait rien d’autre ». Pour sa part, elle mentionne qu’elle est capable « de faire la part des choses dans son utilisation des technologies et d’Internet ».  

L’étudiante précise que ceux pour qui Internet devient une véritable obsession, il y a bien souvent des effets néfastes et dévastateurs dans leur vie quotidienne. Elle identifie donc clairement une relation de cause à effet du phénomène de cyberdépendance, aussi bien à un niveau social, professionnel ou personnel.  

Quelques symptômes
La psychologue Marie-Anne Sergerie a tenté de définir quelques symptômes de la cyberdépendance dans son article Cyberdépendance : la dépendance aux médias sociaux et à la technologie mobile.
Avoir des préoccupations à l’égard de son utilisation
Ressentir un manque qui s’identifie par un changement de comportement (mauvaise humeur, etc.)
Ne pas réussir à réduire son temps d’utilisation et/ou de connexion
Ne plus avoir d’intérêt pour des activités hors ligne
Mentir quant à son temps d’utilisation à son entourage
Conséquences importantes en raison de la surutilisation des technologies (perte d’emploi, etc.)

Pour plus de renseignements : http://cyberdependance.ca