La spiritualité n’est pas une notion toute simple à ranger dans une seule vision. Selon sa définition un peu plus globale, elle se réfère à une quête de sens, d’espoir ou de libération passant par des initiations, des rituels, ou par le développement personnel. Pour d’autres, elle est indissociable de la religion ou de la foi en Dieu. Par ces définitions, la spiritualité est une source de valeurs et de motivations pour certains foyers modernes. Mais comment les parents s’y prennent-ils pour mettre cet ingrédient dans la vie de leurs enfants ? Une mission qui s’avère être quelquefois délicate et salvatrice pour certaines personnes vivant ensemble, et dont les démarches et pratiques diffèrent au gré des familles. Question de points de vue.

C’est l’heure du souper, toute la famille est à table. La petite Marie, tête baissée avec les yeux fermés, sans mot dire, imite ses parents en pleine prière devant le repas. Âgée de 7 ans seulement, elle fait ce rituel depuis sa 5e année de naissance, sans vraiment savoir de quoi il s’agit. «  Nous ne voulons pas la bousculer, elle est très jeune pour réciter une prière. Elle pose beaucoup de questions. La première fois, elle a demandé pourquoi il faut fermer les yeux en restant silencieux. , Nnous lui avons dit que c’est important de dire merci à celui qui nous a offert ce repas, car quelque part  eexistent des enfants affamés et moi,  je crois à la force du geste  », explique Lola sa mère. Cette dernière assure que ce bref instant de recueillement les met dans un état de bien-être spirituel tout en croissant leur relation intime avec une force transcendantale qu’ils n’appellent pas forcément Dieu. Aussi, elle trouve important d’apprendre à leur fille très tôt à dire merci et de partager.

Paul et Jeanne quant à eux préfèrent plutôt emprunter une dimension très imagée de l’apprentissage à la spiritualité. Comme Marie, leurs jumeaux âgés de 6 ans questionnent à tout va. À la question de savoir « pourquoi il pleut, il neige, il vente, ou le soleil brille  ? », leurs parents s’activent à leur faire comprendre graduellement en langage enfantin que c’est « parce que la pluie bénit, la neige accouche de petits anges, le vent nettoie le sol, ou que les rayons de soleil demandent à sourire », précise Emmanuel le père des jumeaux. Et lorsqu’arrive un temps de recueillement, ils les initient à la méditation « pour se retrouver et mieux se connaître dans le silence », enrichit-il.

Le constat qui ressort de ces deux exemples précités est que de nombreux parents comme Lola et Emmanuel sont en proie à une sorte de questionnement ou à une dimension spirituelle qu’ils aimeraient inculquer à leurs progénitures. Entre 5 et 6 ans communément, les enfants ouvrent grands leurs yeux et leur esprit pour comprendre ce qui se voit et ce qui ne se voit pas forcément. Ils se heurtent constamment aux réalités des adultes. Bien que la liberté soit prônée dans certaines familles, les parents ressentent à priori un devoir de transmission et d’éducation auprès de leurs enfants afin que ceux-ci soient éveillés à la spiritualité. Cette démarche demande une prudence nécessaire pour amener la famille toute entière jusqu’aux bienfaits de cette quête de sens.