Avant 2005, je n’étais pas très au fait en ce qui concerne le système d’éducation public et des différentes options offertes aux parents d’enfants handicapés. Lorsque mon deuxième enfant a reçu un diagnostic d’autisme, un trouble neurodéveloppemental incluant entre autres des troubles de la communication et du comportement, j'ai constaté que les options en matière d’éducation étaient très limitées.

Malheureusement, c’est encore le cas aujourd’hui, mais un enfant autiste d’âge scolaire peut s’épanouir s’il reçoit le bon soutient. Or, l’aide apportée aux enfants autistes dans les écoles du Québec n’a pas beaucoup évoluée depuis les vingts dernières années.

En 2007, j’ai fait une demande pour que mon fils puisse fréquenter l'une des deux écoles  spécialisées accueillant des enfants autistes à Montréal.  La première, À pas de géants, est une école privée, la seule qui est dédiée uniquement aux enfants autistes.  Elle offre à l'heure actuelle  90 places dont la moitié pour les élèves francophones et l’autre pour les élèves anglophones et ce pour l’ensemble du territoire de l’île de Montréal. Et la deuxième aussi privée, l'école Le Sommet, de langue anglaise uniquement ne compte qu'environs 30 pour cent des 600 places pour les enfants atteints d’autisme. Les deux écoles sont reconnues et subventionnées par le ministère de l’Éducation.  Malheureusement, mon fils qui avait cinq ans à l'époque, a été refusé par les deux écoles spécialisées en raison du nombre restreint de places et de l’absence de correspondance avec leur profil spécifique tel que niveau de language, fonctionnement dans les activités de vie quotidienne, etc.

Où vont donc les enfants atteints d'autisme, s’ils ne peuvent pas fréquenter une école spécialisée avec du personnel formé aux meilleures pratiques éducatives et thérapeutiques pour l’autisme? Ils vont dans le système scolaire public.

Selon un récent rapport, le ministère de l’éducation envisage  fournir davantage de spécialistes en classe pour aider les élèves ayant un trouble du spectre de l’autisme, mais nous n’avons pas plus de précisions. Je garde espoir, mais je crains aussi que ce ne soit qu’une solution bien partielle à un problème beaucoup plus complexe.

Les enfants au Québec ayant un trouble du spectre de l’autisme sont diagnostiqués trop tardivement et attendent des années avant toute intervention, même si, selon les meilleures preuves, une intervention précoce est essentielle. Seuls les rares parents qui peuvent se permettre des thérapies privées rigoureuses sont réellement capables de préparer leurs très jeunes enfants autistes à entrer dans le système scolaire public. La réalité est que la plupart des jeunes enfants atteints d’autisme arrivent sans intervention adéquate et sont intégrés dans une salle de classe régulière comprenant de 20 à 28 élèves et ne reçoivent pas le soutient adéquat pour s'épanouir.

Actuellement à Montréal, un aide ou un éducateur spécialisé est affecté à un élève autiste treize heures par semaine en classe régulière. La moitié de ce qui avait été prévu au budget de 2009-2010, soit 26 heures par semaine.  De plus, les enseignants ne sont pas obligés d’avoir une formation spéciale sur l'autisme pour avoir des enfants autistes dans leur classe.

En général dans le système d'éducation public, les enfants autistes qui ont ou qui développent des comportements difficiles sont placés dans des classes plus petites, à raison d'environs dix élèves pour un enseignant et un éducateur spécialisé dans les écoles des commissions scolaires francophones et de un enseignant pour 4 élèves dans les commissions scolaires anglophones.  Mais on souhaite, pour ces élèves qu'ils puissent éventuellement être intégrés aux classes régulières, mais ce n’est pas toujours possible.

Selon une étude publiée le 18 avril 2018 par la Commission des droits de la personne du Québec, on conclut que 40 pour cent des enfants handicapés ne terminent pas leurs études secondaires.  Ce qui suggère que le problème va en s’aggravant. Saupoudrer le système scolaire de quelques assistants supplémentaires ne sera nettement pas suffisant.

Aussi bien disposé que puisse être le système scolaire public, les enseignants ne peuvent pas se substituer à des soins offerts par des professionnels de la santé ou thérapeutes spécialisés pour aider les enfants handicapés à bien fonctionner.  L’idée voulant que l’on augmente le budget de l’éducation pour compenser le manque de soins spécialisés qui devrait relever du ministère de la Santé, démontre un sérieux raté.

Une réunion avec les trois ministres, celui responsable de la santé, celui de la famille et celui de l’éducation s’impose pour retracer l’origine du problème et apporter les correctifs nécessaires.

Les enfants autistes ont besoin d’interventions précoces et d’aide spécialisées tout au long de leur scolarité et de leur vie. Qui peut plaider en faveur d’une telle rencontre?